
Londres aborde les négociations du Brexit divisé

Près d’un an après le vote des Britanniques pour quitter l’Union européenne et alors que s’ouvrent aujourd’hui à Bruxelles les négociations sur l’organisation de cette sortie, les divisions au sein du parti conservateur au pouvoir à Londres rejaillissent. Philip Hammond, le ministre des Finances, semble prêt à se faire le champion d’un Brexit tout en douceur, a contrario de la vision mise en avant depuis le début de l’année par Theresa May d’une coupure claire avec l’Union. Après avoir indiqué vendredi que le Brexit devait être géré de manière «pragmatique», avec pour «priorité» l’emploi et la croissance, il a précisé hier sur la BBC que des «structures transitoires» seraient nécessaires pour faciliter la sortie de l’union douanière. Le chancelier de l’Echiquier s’est également mis en porte-à-faux vis-à-vis de la Première ministre qui a fait campagne en répétant qu’une «absence d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord», en déclarant qu’un «mauvais accord serait un très, très mauvais résultat pour l’Angleterre». Il devrait à nouveau se prononcer en faveur d’un Brexit doux demain soir, à l’occasion de son discours annuel de Mansion House.
Philip Hammond pourra compter sur l’appui de la City et des organisations patronales dans son effort pour infléchir la position de Theresa May. D’après le Telegraph, des cadres dirigeants issus de certaines des plus importantes institutions financières britanniques se sont réunis la semaine dernière à la suite des élections pour réfléchir aux moyens de faire pression en faveur d’un accès au marché unique. Cinq organisations patronales se sont par ailleurs prononcées hier en faveur d’un accord de libre-échange minimisant les formalités douanières et incluant un «système flexible» pour les flux de travailleurs dans une lettre envoyée au secrétaire d’Etat aux Affaires et à la Stratégie industrielle.
Les partisans d’un Brexit dur sont toutefois loin d’avoir renoncé à leur projet. Le ministre en charge du Brexit, David Davis, a ainsi rappelé hier la volonté du gouvernement de mettre en œuvre le résultat du référendum. En l’absence d’une majorité parlementaire claire, Theresa May se retrouve par ailleurs sous le joug de ses députés les plus eurosceptiques. D’après le Sunday Telegraph, plusieurs d’entre eux ont prévenu que toute tentative visant à rester au sein de l’union douanière ou du marché commun déclencherait un putsch interne.
Jeudi et vendredi, les 27 Etats membres auront l’occasion de faire un premier point sur les négociations lors du conseil européen.
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