
L’Europe fait de la réforme de l’OMC sa priorité

Un peu plus d’un an après sa conclusion, l’accord commercial entre le Japon et l’Union européenne entre aujourd’hui en vigueur. «Nous ouvrons un nouveau marché qui représente 635 millions de personnes et près d’un tiers du produit intérieur brut mondial», s’est félicité Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. D’ici à dix ans, les études d’impact estiment à 1 milliard les économies de droits de douanes pour les entreprises européennes, avec une hausse de 25% des exportations, allant jusqu’à un triplement pour les produits agricoles.
Les négociateurs commerciaux européens ne sont pas au chômage pour autant. Si les négociations sont au point mort avec le Mercosur, la finalisation de l’accord commercial avec le Mexique devrait arriver prochainement et les négociations entamées l’an dernier avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande se poursuivent. Mais ce sont les Etats-Unis qui vont occuper Bruxelles. La Commission veut lancer des négociations commerciales bilatérales restreintes aux produits industriels, en espérant ainsi échapper à la mise en place de droits de douane sur l’automobile. Mais au-delà, c’est la réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui est au centre des préoccupations. «C’est le gros enjeu aujourd’hui, plus que n’importe quel traité bilatéral», indique à L’Agefi une source européenne.
Les efforts européens portent sur trois axes : une réforme du système de notification à l’OMC, où Bruxelles soutient une proposition américaine ; un meilleur encadrement des subventions industrielles et du respect de la propriété intellectuelle, où Bruxelles, le Japon et les Etats-Unis travaillent à une proposition commune depuis 2017 ; et une réforme du système de règlement des différends. Sur ce dernier point, en revanche, «les Etats-Unis refusent de s’engager», explique cette source. Washington bloque toujours le renouvellement des juges d’appel, et les Américains «attendent probablement que le système soit complètement bloqué», ce qui devrait être le cas d’ici à la fin de l’année.
Les négociations s’annoncent difficiles, avec la nécessité de parvenir à rassembler largement pour chacune de ces réformes. Mais comme pour les négociations commerciales avec le Japon, où le retrait américain du TPP s’est révélé décisif, la menace d’un désengagement américain pourrait changer la donne. «Avant, l’alternative c’était réformer ou préserver le statu quo, ce qui en arrangeait certains. Maintenant, c’est soit on réforme l’OMC, soit on risque sa disparition.»
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
L’Opep et Donald Trump réveillent le spectre d’un pétrole à 60 dollars
Le cours de l’or noir a chuté de plus de 10% en deux jours. Alors que les droits de douane américains risquent de peser sur la demande, le cartel des pays exportateurs a annoncé une hausse surprise de sa production en mai. -
La Chine riposte aux Etats-Unis et donne un nouveau coup de massue aux marchés
Les actions européennes plongent de nouveau après que Pékin a dévoilé une série de mesures en réponse aux droits de douane américains.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions