
L’Esma craint la formation de bulles sur les marchés financiers

Le jugement est sévère. La faiblesse des taux d’intérêt et les incertitudes politiques comme le Brexit ont porté à leur plus haut niveau les risques de voir se former des bulles dans certaines catégories d’actifs, a déclaré hier l’Autorité européenne des marchés financiers (Esma), employant un ton d’une fermeté inhabituelle pour mettre en garde les investisseurs.
Dans un rapport sur «les tendances, les risques et les vulnérabilités», le gendarme des marchés financiers européens estime que «les risques de marché et de crédit sont très élevés». Il évoque une menace de contagion qui découle d’une «interconnexion grandissante entre différents segments des marchés financiers, amplifiée par un contexte de taux d’intérêt faibles qui incite à une prise de risque importante». Il ajoute que le risque de valorisation, une référence aux prix des actifs, se situe à «ses plus hauts niveaux en raison des faiblesses financières et de l’incertitude géopolitique».
Même si le discours de l’Esma reflète les préoccupations exprimées par certains acteurs du marché bancaire, il tranche avec le ton rassurant choisi la semaine dernière par Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), pour tenter d’apaiser les craintes de surchauffe sur les marchés. «Les incertitudes liées au Brexit continuent de figurer parmi les plus importantes sources de risque», soulignent les auteurs du rapport. «Nous nous attendons à ce que le calendrier politique de l’UE, y compris les négociations sur le Brexit, l'évolution de la situation monétaire aux Etats-Unis et les développements géopolitiques restent les principaux facteurs de risque pour 2017», poursuit le document.
Concernant les risques opérationnels, l’institution met également en avant la montée en puissance des cyberattaques qui constitue selon elle la menace la plus importante dans cette catégorie de risques. Malgré une incertitude liée à des changements potentiels dans la politique monétaire européenne, elle constate en revanche une stabilisation des risques liés à l’environnement macro-économique dans la région.
La semaine dernière, le président du directoire de Deutsche Bank, John Cryan, avait appelé la BCE à rompre avec sa politique de fourniture de liquidités quasi-gratuites et illimitées aux banques, en estimant qu’elle favorisait l’apparition de bulles sur les marchés d’actions, l’obligataire ou l’immobilier.
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