
Les rendements d’Etat américains prennent l’ascenseur

Il devient de plus en plus difficile de faire fi de la hausse des rendements américains. A près de 2,85% sur la partie 10 ans, ils se situent ainsi désormais à leur plus haut niveau depuis janvier 2014, ce qui a contraint les panélistes interrogés par L’Agefi à relever leurs prévisions d’environ 20 pb depuis le mois dernier. Ils restent cependant très prudents dans la mesure où ils tablent toujours sur un taux 10 ans à peu près stable au cours des six prochains mois. Il affiche pourtant une progression de 80 pb depuis septembre dernier, et de près de 150 pb depuis son point bas qui a été atteint au cours de l’été 2016. Cette prudence des panélistes est également visible dans leurs prévisions de deux hausses des taux Fed funds d’ici la fin du mois de juin, et d’une stabilité du dollar contre euro et yen d’ici six mois.
Les chiffres de l’emploi américain publiés vendredi dernier ont montré des signes de tensions croissantes sur les prix, avec une accélération nettement plus forte qu’anticipé du rythme annuel de hausse des salaires horaires à 2,9% au cours du mois dernier, qui est le plus soutenu depuis mai 2009 et se rapproche du seuil considéré comme déclencheur de tensions inflationnistes de 3%. Il s’agit d’un mois idéal que les marchés espéraient depuis longtemps, puisque l’économie américaine a créé 200.000 emplois supplémentaires alors que le consensus prévoyait 180.000, avec un taux de chômage stable au plus bas depuis 2001 de 4,1%, et un taux de participation également stable. L’indice SG CIB des anticipations d’inflation indique qu’elle se situe désormais à un plus haut depuis dix ans aux Etats-Unis.
«La modification du scénario de la Fed (nous anticipons trois hausses de taux cette année et non plus deux), la dégradation des finances publiques (une partie du plan fiscal autofinancée et l’autre financée par de la dette), une croissance sensiblement supérieure à son potentiel, un retour de l’inflation à près de 3% en cours d’année, et des investisseurs étrangers redevenus acheteurs nets de T-note nous ont conduits à porter notre anticipation de rendement du 10 ans à 3,2% pour fin décembre. Ce dernier devrait donc converger vers la croissance nominale, mais restera inférieure à celle-ci», estime même Natixis. Cette hausse des rendements américains a été accompagnée d’un fort mouvement de baisse du dollar, qui atténue le durcissement des conditions financières et pourrait conduire la Fed à durcir ses hausses de taux.
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