
Les marchés d’actions sont sous l’influence de deux «grosses mains»

Malgré un discours des banques centrales qui devrait plutôt inquiéter, les grands indices actions ont repris en juin leur hausse entamée de janvier à avril, «mais ces mouvements ne sont pas liés à d’importants volumes d’échanges, plutôt à l’absence de vendeurs face aux très rares acheteurs», explique Cyrille Collet, directeur de la gestion quantitative actions chez CPR AM, évoquant des volumes inférieurs de 30% à ceux des premiers mois de 2018.
Il constate que cela ne provient probablement pas des fonds ouverts (FCP et ETF, exchange traded funds) puisque ceux-ci connaissent une décollecte de 140 milliards de dollars depuis janvier selon EPFR, malgré les flux positifs de 90 milliards sur les ETF. En outre, les assets managers concernés restent très prudents, avec un niveau de «cash» record (5,6%) selon BAML. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas non plus les flux liés aux produits dérivés : les positions nettes acheteuses sont stables depuis plus d’un an sur les futures S&P 500, et même en baisse sensible depuis près d’un an sur les futures Nikkei.
En revanche, la simulation sur les gestions systématiques de Goldman Sachs montre que les hedge funds avec des stratégies momentum avaient vendu près de 100 milliards de dollars d’actions entre novembre et décembre, avant de racheter près de 400 milliards depuis. «Ces entrées conjoncturelles ne sont pas négligeables : elles font monter les cours concernés et auto-alimentent de facto un réinvestissement», rappelle CPR AM.
Enfin, les rachats d’actions semblent porter la progression des marchés depuis la crise et la baisse des taux qui incite à s’endetter pour cela. «En voyant des titres 15% plus bas début 2019 que début 2018, les entreprises n’ont sans doute pas hésité à prolonger cette tendance, qui les a amenées à 811 milliards de dollars de rachats l’an dernier. On en attend plus de 940 milliards en 2019. Le système américain, avec des rémunérations fondées sur les actions, en fait des acheteurs structurels désormais», conclut Cyrille Collet. Face à plein de petits acteurs prudents, on a donc deux «grosses mains» qui font bouger le marché et sont paradoxalement confortées par les politiques accommodantes des banques centrales. Jusqu’à l’apparition d’une nouvelle main, plus grosse, par exemple des flux (méconnus) de fonds souverains, comme début 2016 après le choc sur l’énergie.
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions