
Les marchés actions passent au révélateur des résultats trimestriels

Pour les actions, il y a deux façons de s’apprécier. Par la hausse de leur valorisation (le price earning ratio) ou par la progression des bénéfices. Après le net rebond des marchés boursiers ces derniers mois, les investisseurs attendent beaucoup des publications de résultats. La saison de publication pour le premier trimestre débute ce mercredi, les banques ouvrant traditionnellement le bal aux Etats-Unis. Un premier test pour les actions.
«Nous anticipons un nouveau trimestre au cours duquel les publications de résultats vont jouer favorablement sur les actions», affirme Mislav Matejka, stratégiste actions chez JPMorgan. Le consensus Refinitiv table sur une croissance moyenne de 24% pour les entreprises de l’indice S&P 500 et de 47% pour le Stoxx 600 en Europe. Ces prévisions de résultats peuvent paraître élevées et beaucoup s’interrogent sur leur caractère soutenable. Elles ont été fortement revues en hausse depuis le début de l’année (+5,6% pour le S&P 500). «Les surprises favorables sur les résultats au cours des trois derniers trimestres et sur les indicateurs macroéconomiques ont engendré cette augmentation des prévisions au premier trimestre qui est la plus importante avant une saison de résultats depuis dix ans», affirme Binky Chadha, stratégiste chez Deutsche Bank. Dans le même temps, l’indice S&P 500 a progressé de 7,5% depuis la fin de la publication des résultats du quatrième trimestre 2020.
Bonnes surprises
Toutes les bonnes nouvelles ne seraient toutefois pas intégrées dans les cours car des surprises bénéficiaires ne sont pas exclues. D’abord, ces prévisions sont élevées parce qu’elles bénéficient d’un effet de base favorable, la crise du coronavirus ayant déjà affecté les résultats du premier trimestre 2020. Ensuite, la reprise économique se confirme, avec un effet non négligeable sur les chiffres d’affaires et les marges des entreprises. «Il est peu probable qu’il y ait des déceptions au premier trimestre alors que les indices PMI sont solides», affirme Mislav Matejka. Les chiffres d’affaires sont attendus en hausse de 9,5% aux Etats-Unis et de 6,2% en zone euro. Les prévisions de résultats, pour le marché américain, semblent prudentes au regard de la croissance économique anticipée, selon Deutsche Bank qui estime la croissance séquentielle anticipée à 1,5% (hors secteur de l’énergie), soit la croissance économique attendue pour le trimestre, donc sans aucun effet multiplicateur sur les résultats (estimé à 4).
Cette saison des résultats devrait être portée par le rebond des bénéfices des valeurs cycliques. «Tant que l’activité économique continue d’accélérer, ce qui pourrait durer jusqu’à l’été, les résultats des cycliques vont plus progresser que ceux des valeurs défensives», affirme le stratégiste de JPMorgan qui estime à 16% le retard de bénéfices des premières par rapport aux secondes. Ce rebond concernera notamment les secteurs les plus sensibles à la réouverture des économies (loisirs, tourisme, transport…). Sur le marché américain les résultats des cycliques devraient progresser de 23% contre 13,3% pour les défensives et dans la zone euro de 155% contre une baisse de 2% respectivement.
L’énergie, dont les prévisions de résultat ne prennent pas totalement en compte la hausse des prix du pétrole, les banques et les autres cycliques (dont les estimations de résultats paraissent faibles par rapport à la reprise économique) pourraient dépasser les attentes des investisseurs. «Des résultats supérieurs aux attentes et de probables relèvement de prévisions pour les prochains trimestres devraient permettre au marché d’augmenter encore ses prévisions pour cette année», estime Binky Chadha. Pour l’ensemble de l’année 2021, le consensus des analystes anticipe une croissance des bénéfices de 27% aux Etats-Unis et de 38% en zone euro. Des prévisions revues en hausse non seulement pour le marché américain mais aussi en Europe (+3%) malgré une campagne de vaccination plus lente et des mesures de soutien budgétaire jugées plus limitées.
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