
Les fractures du Royaume-Uni compliquent le Brexit

L’ironie de la situation n’échappera à personne. Quelques heures avant que Theresa May ne signe la lettre demandant officiellement le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, le Parlement écossais a voté, par 69 voix contre 59, pour autoriser sa Première ministre indépendantiste Nicola Sturgeon à négocier l’organisation d’un second référendum sur l’indépendance de l’Ecosse d’ici 2019. «Le peuple d’Ecosse doit avoir le droit de choisir entre le Brexit, sans doute un Brexit très dur, et le fait de devenir un pays indépendant capable de fixer son propre cap», a déclaré la dirigeante nationaliste. Bien qu’attendu, ce vote a fait fléchir la livre sterling de 0,86% hier, à 1,245 dollar.
L’organisation d’un nouveau référendum demande l’accord du Parlement britannique, improbable compte tenu de l’opposition du gouvernement de Theresa May, soucieux de concentrer ses efforts sur les négociations du Brexit. Les arguments du 10, Downing Street, rappellent les critiques émises face au vote du Brexit lui-même. «Il serait injuste de demander au peuple écossais de prendre une décision cruciale sans les informations nécessaires sur notre future relation avec l’Europe ou sur la forme que prendrait une Ecosse indépendante», indique ainsi la Première ministre britannique dans un communiqué. Si en 2014, les Ecossais se sont prononcés à 55% contre l’indépendance, ils étaient 62% à vouloir rester dans l’Union européenne lors du vote de juin dernier.
Le gouvernement britannique ne peut pas se permettre d’ignorer complètement les demandes écossaises, au risque de mobiliser les nationalistes. Déjà, le déclenchement de l’article 50 avait été repoussé suite à l’annonce faite par Nicola Sturgeon de sa volonté d’organiser un nouveau référendum. Theresa May avait alors décidé de se déplacer au Pays de Galles, en Ecosse et en Irlande du Nord avant d’enclencher le Brexit.
Outre l’Ecosse, l’Irlande du Nord, qui a également majoritairement voté pour rester dans l’Union, demandera également l’attention du gouvernement britannique. Les dernières élections législatives ont vu le Sinn Féin, favorable à une unification avec l’Irlande, remporter la deuxième place, en forte progression par rapport à ses résultats précédents. Depuis, les négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement sont au point mort, avec le risque de voir la gestion du territoire retourner à Londres. Utilisant le spectre d’une frontière hermétique avec l’Irlande, le Sinn Féin souhaiterait organiser un vote sur l’unification, possible dans le cadre des accords du Vendredi saint.
Plus d'articles du même thème
-
Le flou règne sur les taxes qui seront réellement payées
Les annonces de mercredi soir ne permettent toujours pas d’avoir une vision très claire des tarifs douaniers qui seront réellement appliqués à partir du 9 avril. Les négociations risquent d’être compliquées. -
Mar-a-Lago, l’improbable révolution monétaire de Donald Trump
Suivant la doctrine de son conseiller Stephen Miran, Donald Trump chercherait à nouer un nouvel accord mondial sur les changes, comparable aux accords du Plaza de 1985. Ses objectifs : déprécier le dollar et réduire le déficit commercial américain à long terme, sans pour autant menacer le financement du déficit des Etats-Unis. Cette quadrature du cercle peut expliquer la menace de droits de douane et de retrait du parapluie militaire américain envers les pays jugés non coopératifs, mais nombre d’économistes la jugent très difficile à résoudre. -
Les inquiétudes autour des droits de douane propulsent le cuivre vers des records
Les cours du cuivre ont atteint des records mercredi sur les marchés américains. Ils ont baissé à Londres dans le même temps, accentuant la dislocation du marché au niveau mondial.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions