
Les fonds de pension doivent encore verdir

La protection de la planète est encore un sujet mineur pour les fonds de pension publics. C’est la conclusion du rapport Pensions in a changing climate publié ce lundi par l’ONG britannique Share Action, à deux jours de l’ouverture du Sommet mondial d’action pour le climat. Il rassemblera, à San Francisco, des dirigeants et citoyens du monde entier.
Le constat du Asset Owners Disclosure Project (AODP), l’entité en charge du rapport au sein de ShareAction, est radical : «les 100 plus grands fonds de pension publics du monde n’ont investi que 90 milliards de dollars (78 milliards d’euros) dans les actifs bas carbone (à faibles émissions de gaz à effet de serre, ndlr), ce qui représente moins de 1% de leurs actifs cumulés. […] Une goutte d’eau au regard des 11.000 milliards de dollars d’investissement annuel que le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, ndlr) estime nécessaires pour financer la transition bas carbone». Or, les fonds de retraite pourraient peser dans le débat public puisqu’ils totalisent un tiers des encours des grands institutionnels.
AODP a noté leur politique d’investissement en fonction des recommandations du groupe de travail sur le reporting financier des risques liés au climat (Task Force on Climate-related Financial Disclosures, TCFD). Sur les 100 plus grands fonds mondiaux, «plus de 60%» ne prennent pas, ou presque pas en compte le climat. A l’autre bout du spectre, seuls deux d’entre eux obtiennent une note AAA. En première position figure le suédois AP4, juste devant le Fonds de réserve pour les retraites (FFR), le seul français du Top 100 (97e du classement 2017 Willis Towers Watson). 150e mondial, l’Erafp n’est pas pris en compte mais était lui aussi noté AAA en 2017.
Malgré son excellente note, le FRR estime avoir encore du chemin à faire. S’il réduit «progressivement» son exposition aux émissions de CO2 et combustibles fossiles, «pour le moment, et en l’absence de consensus sur la façon dont l’empreinte carbone d’un portefeuille doit être évaluée, le FRR ne s’est pas fixé d’objectifs globaux chiffrés concernant ses efforts de décarbonation», précise son site internet. Comme la plupart de ses pairs, il n’a pas opté pour l’exclusion sectorielle, mais pour une approche best in class.
AODP souligne aussi la dynamique à l’œuvre dans d’autres pays européens, à l’exception du Royaume-Uni. Aux Etats-Unis, dans un climat politique hostile, la Californie et New York se distinguent, tandis qu’aucun fonds asiatique n’est noté A ou plus.
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