
Les émissions obligataires ESG s’emballent en Europe

La COP 26, qui se tient à Glasgow, donne des idées aux émetteurs sur le marché corporate euro. Une vague d’émissions ESG a déferlé cette semaine dépassant les placements obligataires conventionnels (non ESG). Plus de 9 milliards d’euros d’obligations ont été émis sur des formats durables, contre plus de 5 milliards d’obligations traditionnelles.
Les sustainability linked bonds (SLB), ces obligations qui permettent à des entreprises d’émettre des titres assortis d’objectifs climatiques ou sociaux, ont pris un réel essor. Sept entreprises ont émis ce type d’obligations pour un montant de 7,55 milliards d’euros (1 milliard d’euros émis en green bond – Tennett - et un sustainable bond de 500 millions -Colgate Palmolive). Le gros de ces émissions SLB a été réalisé par Teva qui a placé 4 milliards d’euros d’obligations en quatre tranches (de 6 ans à 8 ans).
Mais ce sont les émetteurs français qui ont dominé le marché, alors qu’ils étaient jusque-là en retrait. Cette année ils ne représentent que 10% des émissions (15% en temps normal) derrière les entreprises américaines (19%) et allemandes (18%) sur l’ensemble du marché investment grade.
Doutes sur la pertinence de certains objectifs
Hormis l’opération réalisée jeudi par Atos (800 millions d’euros à 8 ans), ce sont des émetteurs high yield qui ont animé le marché. Verallia a émis un deuxième SLB de 500 millions d’euros à 10 ans, Rexel a placé un SLB de 600 millions à 7 ans et Faurecia une obligation de 1,2 milliard à 6 ans.
Les émissions ESG permettent aux émetteurs d’obtenir des conditions de financements plus favorables, la demande pour ce type de format étant très importante. Les émissions réalisées par Atos et Verallia ont été sursouscrites plus de 2 fois. La demande est au plus haut par rapport aux placements conventionnels (40% plus élevée en octobre, selon les données compilées par Bloomberg). Et ce, malgré des interrogations concernant la pertinence de certains objectifs et le niveau de la pénalité si les objectifs ne sont pas atteints (la pénalité varie en niveau, de 10 pb à 50 pb, et en durée).
La deuxième émission de Tesco sur le marché sterling a soulevé les critiques la semaine passée sur le véritable impact de ces obligations. L’objectif de réduction visé par le distributeur britannique est non seulement facilement atteignable mais porte uniquement sur les scopes 1 et 2 (les émissions directes) qui ne représentent qu’une infime part de ses émissions de CO2. Cela n’a pas empêché la demande de dépasser plus de trois fois l’offre.
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