
Le voile se lève sur les perdants du krach pétrolier

L’effondrement des prix du baril de pétrole en début de semaine, avec un passage inédit en territoire négatif des prix du contrat de mai 2020 sur le brut léger américain (WTI), se fait sentir chez les opérateurs de marché. Le courtier américain Interactive Brokers a enregistré une provision de 88 millions de dollars (81 millions d’euros) pour couvrir les pertes de ses clients, selon un communiqué publié mardi soir.
Certains clients détenaient des positions longues en contrats futures sur le WTI traités sur les plateformes du CME et d’ICE Europe. Lundi, le prix des contrats de mai a enregistré une variation de près de 60 dollars à la baisse, pour toucher le niveau inédit de -37,63 dollars. Ce prix a servi à calculer les appels de marge sur ces contrats, et a occasionné chez ces clients des pertes supérieures à leur capital. Interactive Brokers a dû couvrir la différence, 88 millions, de sa poche.
Lors d’une conférence téléphonique dédiée aux analystes financiers, le patron du courtier, Thomas Peterffy, a indiqué qu’Interactive Brokers avait 15% des positions ouvertes sur le contrat de mai. «Il y a d’autres personnes qui ont divers problèmes, en lien avec des exchange-traded notes (ETN) et des fonds qui détiennent des futures sur le pétrole», a ajouté le financier, en ajoutant que face à ces positions perdantes, «il y a aussi un ou plusieurs gros gagnants.»
L’ETF US Oil en panique
Certains fournisseurs de produits indiciels cotés qui répliquent la performance du pétrole ont aussi dû prendre des mesures d’urgence. Barclays a ainsi annoncé la liquidation le 30 avril d’un des ETN de sa gamme iPath. A la différence des ETF, les ETN ne sont pas des fonds mais des titres émis par une institution financière.
Le fonds indiciel coté United States Oil Fund (USO), qui pèse 4 milliards de dollars et avait largement collecté récemment, a modifié en urgence son portefeuille. L’ETF n'était plus exposé au contrat de mai, mais détenait lundi l'équivalent de 137 millions de barils à recevoir pour l'échéance de juin, soit 24% du total des contrats traités sur le CME. USO a indiqué qu’il avait refermé mardi une partie de ces positions sur juin, pour se reporter sur les échéances de juillet (55% de son portefeuille) et d’août (5%).
La taille des positions d’USO était un motif d’inquiétude pour le marché, car le prix du contrat de juin a lui aussi plongé pour finir à 11,57 dollars mardi, même s’il enregistre mercredi un rebond de 16% à près de 22 dollars après les propos belliqueux de Donald Trump à l'égard de l’Iran.
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