
Le métal jaune s’envole face à la montée des risques géopolitiques

L’aversion au risque profite à l’or, et cela s’est de nouveau confirmé ces derniers jours. Le lancement d’un missile nord-coréen au-dessus du Japon hier matin a ravivé les craintes d’une crise d’ampleur en Asie, ce qui a bénéficié aux actifs perçus comme sûrs, dont le métal jaune fait partie. En deux jours, l’or a grimpé de 2,4%, passant de 1.291 dollars l’once à 1.322 hier. Depuis le début de l’année, il affiche une progression de près de 15%, l’amenant à son plus haut depuis fin septembre 2016.
«Les risques géopolitiques ajoutent une prime au prix de l’or en ce moment», estime Nitesh Shah, spécialiste matières premières chez ETF Securities. «Si les tensions devaient reculer, le prix de l’or pourrait corriger vers les 1.230 dollars l’once, mais il y a de nombreux risques différents actuellement», ajoute-t-il. Les investisseurs peuvent notamment se montrer soucieux des valorisations très élevées des marchés actions et des difficultés politiques de l’administration Trump alors que le budget 2018 doit être voté et le plafond de la dette relevé au cours des prochaines semaines.
Dans ces circonstances, les spéculateurs ont clairement choisi de miser sur l’or. D’après les dernières données de la CFTC, les paris spéculatifs sur une hausse du prix du métal jaune sont à leur plus haut depuis onze mois, tandis que les paris à la baisse sont proches de leurs plus bas depuis cinq ans. «Couvrir un portefeuille grâce à l’or est une décision facile pour les investisseurs, l’or n’est pas très cher d’un point de vue historique et en cas de grave crise politique, un sursaut est probable», souligne Nitesh Shah.
Au-delà des mouvements liés aux tensions géopolitiques, la valorisation de l’or reste d’abord déterminée par la politique monétaire et le niveau des taux d’intérêt réels aux Etats-Unis, le métal jaune étant «l’actif le plus régulièrement corrélé aux taux d’intérêt nominal et réel américain», expliquait John Normand, analyste chez JPMorgan, dans une note publiée la semaine dernière. La faiblesse de l’inflation outre-Atlantique et le scepticisme des marchés vis-à-vis de la trajectoire de hausse de taux de la Fed ont ainsi pesé sur les rendements des Treasuries et sur le dollar, deux facteurs favorables au prix du métal jaune. Depuis le 7 juillet, dernier point d’inflexion du prix de l’or, celui-ci a gagné plus de 9% quand l’indice dollar cédait 4,4% et le rendement des Treasuries à 10 ans reculait de 27 points de base.
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