
Le marché du pétrole reste fébrile avant la réunion de Doha

Les discussions autour d’un plan de gel de la production aux niveaux de janvier a déjà «changé le sentiment des marchés pétroliers», a écrit le ministre qatari du Pétrole Mohammed Al Sada dans sa lettre d’invitation à la Norvège, que s’est procurée Bloomberg, pour la réunion de dimanche à Doha entre onze producteurs de l’Opep et la Russie. Le prix du baril s’est en effet déjà apprécié de plus de 40% depuis son point bas de février, à près de 45 dollars (40 euros) par baril pour le Brent, également soutenu par l’accélération anticipée de la baisse de la production américaine.
Un accord sur un gel de la production ne devrait avoir «qu’un effet marginal sur l’érosion de l’offre excédentaire», écrit cependant Patrick Dennis, économiste chez Oxfords Economics, en ligne avec les propos de l’Agence internationale de l’énergie (IEA). «Sans un accord de l’Opep sur des réductions de production, l’offre excédentaire se maintiendra à au moins 1 million de barils par jour [en 2016], avec peu de chances d’un rebond durable des prix du pétrole à court terme», précise-t-il.
Un accord aurait surtout un effet psychologique, «les marchés pouvant le considérer comme une première étape vers d’éventuelles réductions de productions à la réunion de l’Opep en juin», explique Abhishek Deshpande, économiste pétrole pour Natixis. Il estime néanmoins que «la volatilité devrait rester élevée sur les prix du pétrole au cours des prochaines semaines, voire des prochains mois.»
Le risque d’une baisse des prix même en cas d’accord n’est toutefois pas écarté. «Les marchés sont plutôt en position d’attente, considère Florent Maisonneuve, managing director chez AlixPartners, la vraie question aujourd’hui porte sur la demande, va-t-elle s’accélérer ou non ?» L’Opep a déjà réduit mercredi ses prévisions de croissance de la demande mondiale, soulignant les risques de nouvelles dégradations, notamment en cas de décélération plus prononcée de la croissance économique chinoise.
«Les précédents historiques semblent montrer que le point bas n’a pas encore été atteint», explique ainsi Paul Jackson, directeur de la recherche de Source, qui le situe autour de 20 dollars par baril. A l’inverse, en cas de rebond des prix, «la seule certitude, c’est la marge de progression de la production américaine, rappelle Florent Maisonneuve, avec les 1.500 ‘rigs’ de forage disponibles aux Etats-Unis, qui peuvent se déployer très rapidement.»
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