
Le marché du crédit craint une contagion

Noire pour les actions, la journée de lundi l’a été encore plus sur le marché de la dette. La guerre des prix du pétrole lancée par l’Arabie saoudite contre la Russie, dans un contexte déjà chauffé à blanc par l’impact économique du coronavirus, a emporté des pans entiers du marché du crédit. Les premiers à tomber ont évidemment été les groupes pétroliers et gaziers notés dans la catégorie high yield, très fréquentée par des émetteurs américains de gaz de schistes. Le prix de certaines obligations ont parfois perdu jusqu’à 30 cents dans la seule séance d’hier. L’ampleur de l'écart entre l’indice Bloomberg Barclays High Yield Energy et les bons du Trésor américains a dépassé les 10%, comme lors de la précédente crise sectorielle de 2016, qui avait contraint de nombreux producteurs américains de pétrole à refinancer leur dette.
Mais à la différence de 2016, les investisseurs craignent que le choc se répercutent à d’autres segments du marché, censés être plus sûrs. Selon les analystes de Morgan Stanley, le risque n’est pas limité qu’au secteur de l’énergie high yield américain. Avec la chute des cours du pétrole, et la baisse de la demande liée au coronavirus, des groupes notés BBB risquent de voir leur note s’approcher de la catégorie high yield, voire d’y tomber. Des groupes comme Occidental, Apache, Continental, Cimarex, Noble, ou Marathon seraient des anges déchus (fallen angels) tout désignés selon Morgan Stanley.
Les analystes s’attendent également à plus de défaut dans le secteur qu’en 2016, craignant notamment pour Chesapeake Energy ou Whiting Petroleum. Les structures de dette ayant été refinancées à des prix élevés après 2016, elles ne permettent pas de relancer aussi rapidement de nouvelles négociations, ou alors à des niveaux de taux encore plus chers. Une équation impossible à tenir avec des prix du pétrole à leurs niveaux actuels et surtout avec le risque d’une baisse de la demande mondiale de pétrole. L’accélération du nombre de défauts dans l’énergie américaine ne serait pas sans effet sur l’ensemble du marché du crédit. Elle toucherait nécessairement par ricochet d’autres secteurs, des services parapétroliers ou de l’industrie. Compte tenu de son poids, elle ferait également durablement baisser les indices et écarterait les écarts de taux de tout le marché. L’énergie représente 14% du comportement high yield américain, ce qui en fait le premier secteur.
{"title":"","image":"215175»,"legend":"","credit":""}
Plus d'articles du même thème
-
BC Partners Credit excède l'objectif de souscriptions de son fonds Special Opportunities Fund III
Ce troisième flagship de la plate-forme de crédit du gérant américain a recueilli 1,4 milliard de dollars. -
Le crédit aux ménages et aux entreprises continue à se redresser en zone euro
Les données monétaires et de crédit publiées jeudi par la Banque centrale européenne restent positives, tant pour les prêts aux entreprises que pour les prêts immobiliers. De quoi confirmer des perspectives économiques un peu plus favorables pour la région. -
Infranity finance la participation du gérant de fonds de pension IFM dans ERG malgré les vents contraires
Infranity apporte 125 millions d'euros sur un financement total de 350 millions pour la participation d'IFM dans le producteur génois d'énergie solaire et éolienne.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions