
Le dialogue de sourds reprend autour du Brexit

La publication par la Commission européenne hier d’une ébauche d’accord sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, loin de rassurer sur l’issue des négociations, a au contraire ravivé les points de contention entre les deux parties. A Bruxelles, Michel Barnier soulignait la nécessité «d’accélérer», tout en notant que le projet d’accord «ne contient aucune surprise», celui-ci reprenant et détaillant les engagements pris en décembre. Sur la période de transition, le négociateur européen a rappelé que celle-ci «n’est pas acquise» compte tenu des divergences persistantes avec le Royaume-Uni. A Londres, Theresa May a vivement rejeté devant le Parlement le projet d’accord, insistant sur le fait «qu’aucun Premier ministre britannique ne pourrait jamais l’accepter». La livre sterling a cédé du terrain hier face aux dix principales devises, reculant de 0,7% face à l’euro pour tomber sous 1,13.
Avec un délai de seulement treize mois avant le Brexit, les négociations n’apparaissent pas plus proches d’une résolution qu’en décembre dernier. Devant le Parlement, Theresa May a répété hier que son gouvernement s’était engagé à éviter le rétablissement d’une frontière physique en Irlande du Nord, qu’il n’accepterait pas la mise en place d’une frontière interne au Royaume-Uni, ni de rester au sein de l’Union douanière, trois objectifs pourtant incompatibles. La Première ministre est en réalité acculée entre des dissidents conservateurs pro-européens prêts à s’allier à l’occasion avec l’opposition travailliste, et des députés eurosceptiques vigilants au sein de sa majorité fragile, la contraignant à «s’en tenir à ses propositions irréalistes aussi longtemps qu’elle le peut», explique Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macro. Ce dernier s’attend à ce que Theresa May transige avant la fin de l’année et se résolve à une union douanière avec l’Union européenne, mais d’ici là «les inquiétudes de marché autour du Brexit vont probablement de nouveau croître».
Theresa May doit tenir demain un discours détaillant ce que le gouvernement britannique attend de sa future relation avec l’Union européenne, mais ses discours précédents n’ont pas convaincu Bruxelles, notamment sa volonté d’avoir un alignement différencié selon les secteurs avec les régulations européennes. «Voyons voir ce que dira Theresa May vendredi. Si c’est encore un discours sur ce qu’ils ne veulent pas, ce n’est pas utile. Nous voulons des propositions constructives», a indiqué un diplomate européen à Reuters.
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