
Le déficit public de la France pourrait encore atteindre 3,2% en 2017

Les perspectives des fi nances publiques sont alarmantes, prévient l’Institut de l’entreprise dans un rapport publié le 15 février 2017 et rédigé par un groupe de travail présidé par Michel Pébereau, président d’honneur de l’Institut en question.
Le rapport rappelle que le défi cit de l’État s’est élèvé à près de 70 milliards d’euros en 2016. Les dépenses nettes de l’Etat se sont élevées à 374 milliards d’euros et ses recettes nettes à 302 milliards d’euros. Les recettes de l’État ne couvrent donc que 80 % de ses dépenses. «Le régime général de la Sécurité Sociale est installé dans le déficit, ce qui nous distingue de tous nos grands voisins», souligne le rapport. «Or certains responsables politiques estiment que les comptes publics sont désormais assainis», ajoute-t-il.
Pourtant, la France fait aujourd’hui partie des trois pays, avec la Grèce et le Portugal, qui relèvent encore de la procédure européenne de défi cits excessifs, indiquent les auteurs. Compte tenu des résultats de 2016, seules la France et la Grèce devraient être encore concernées en 2017. «Le Haut Conseil des finances publiques a alerté sur cette situation dans des termes particulièrement sévères», ajoute le rapport qui « estime improbables les réductions des défi cits prévues par le PLF pour 2017 ». Cette réserve a été confirmée par la Commission européenne.
Pour sa part, le Conseil constitutionnel considère que « les risques affectant les dépenses publiques sont plus importants en 2017 que pour les années précédentes ». Selon le rapport «la prévision du Gouvernement d’un déficit public à - 2,7 % du PIB est unanimement contestée par les prévisionnistes. Toutes choses égales par ailleurs, le déficit public français pourrait atteindre 3,1 ou 3,2 % du PIB en 2017".
Les déficits publics moyens dans la zone euro et l’Union européenne sont structurellement plus faibles que celui de la France, affirme le rapport. En 2015, le déficit public français s’est établi à - 3,5 % du PIB. Il était de - 2,1 % du PIB dans la zone euro et de - 2,4 % du PIB pour l’ensemble de l’Union européenne, précise-t-il.
Depuis plus de quarante ans, chaque année, les dépenses de l’Etat sont supérieures à ses recettes, fustige le rapport. «Ce déséquilibre a gagné l’ensemble du compte des administrations publiques (APU) qui regroupe, outre l’État et ses démembrements, les organismes de sécurité sociale et les collectivités territoriales», souligne-t-il. Depuis 1981, ce compte est déficitaire. «Ce mal français est profond. Il est en outre généralisé. Il traduit une gestion insuffi samment rigoureuse par les majorités politiques qui se sont succédé depuis près de 40 ans», conclut-il.
Pourtant la France est désormais le pays de l’Union européenne où le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé : 45 % du PIB en 2016 selon l’Insee. «S’il est délicat de déterminer jusqu’où il est possible de relever le taux des prélèvements obligatoires, il est désormais avéré que notre niveau est excessif», estime le rapport. «En dépassant de beaucoup celui des pays concurrents, il affaiblit la compétitivité de nos entreprises et du travail des Français, ainsi que l’attractivité de notre territoire pour les activités productives», ajoute-t-il avant de conclure que «en outre, le consentement à l’impôt de nos concitoyens semble avoir atteint ses limites».
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