
L’aversion pour le risque fait son retour

La période estivale est rarement calme sur les marchés. Cette année n’échappe pas à la règle. Les places boursières ont accusé, la semaine dernière, leur pire performance hebdomadaire depuis novembre 2016. Rares sont celles à ne pas être dans le rouge. Aucun secteur n’échappe aux prises de bénéfices. La capitalisation boursière mondiale a fondu de 1.000 milliards de dollars. De l’Asie, aux Etats-Unis en passant par l’Europe, les Bourses ont été secouées par la joute verbale entre Donald Trump et le dictateur Kim Jong-un, le président américain se disant prêt à une intervention militaire en cas d’agression de la Corée du Nord. A Séoul, l’indice Kospi a décroché de 3,2% sur la semaine. En Europe, l’Euro Stoxx 50 corrige de 3%. A Paris, le CAC 40 cède 2,8%. Aux Etats-Unis, où Wall Street avait démarré la semaine sur de nouveaux records, le Nasdaq, à forte composante technologique, abandonne 1,8%, tandis que le S&P 500 perd 1,3%. Toutefois, depuis le début de l’année les deux indices américains avancent encore de 15,9 et 9,2%, respectivement.
Ce regain de tension géopolitique fait rebondir une volatilité revenue ces dernières semaines à des niveaux bas. Le VIX, mesurant la volatilité implicite à 3 mois du S&P 500, augmente de plus de moitié à 15,6. En Europe, le VStoxx (volatilité de l’Euro Stoxx 50) passe de 12,6 à 19,6. Ce retour de la volatilité traduit non seulement l’aversion pour le risque mais aussi la faiblesse des volumes dans la période estivale actuelle.
Les actifs refuges sont les grands gagnants. Du côté des devises le yen et le franc suisse s’apprécient tandis que côté dette souveraine le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans se détend de 6 points de base (pb), à 2,19% et celui du Bund à 10 ans de 8 pb à 0,38%. Les taux américains diminuaient également en réaction à une inflation moins forte que prévu en juillet aux Etats-Unis. L’or progresse de 2,25% sur la semaine. En réaction au risque d’escalade, Ray Dalio, le patron du géant mondial Bridgewater Associates, a recommandé de placer 5 à 10% des actifs en or pour se prémunir contre le risque politique et économique.
Un conflit aurait évidemment de graves conséquences sur la croissance mondiale car la région, et notamment la Corée du Sud, est un important fournisseur de composants électroniques mais aussi un acteur majeur du secteur automobile, soulignent les analystes de Capital Economics, cités par Bloomberg. Toutefois, même sans conflit, les tensions actuelles risquent d’affecter le sentiment dans la région et donc l’activité.
Au-delà de cette crise géopolitique, les investisseurs se montrent de plus en plus prudents face à une surchauffe des marchés. Ces dernières semaines, plusieurs hedge funds ont alerté sur une montée des risques. Dans une missive à ses clients, Howard Marks, co-président d’Oaktree Capital, s’est alarmé de certains excès, comme la valorisation des technologiques (FAANG) ou les levées de capitaux du private equity, qui contribuent à cette surchauffe. Jeffrey Gunlach, co-fondateur de DoubleLine Capital, cité par Bloomberg, relève, pour sa part, des tensions sur la dette émergente ou le high yield, et préfère prendre une position défensive avec des options de vente sur le S&P 500.
«En cas d’accélération baissière, celle-ci pourrait être significative en cette période estivale où la liquidité fait défaut sur des marchés, qui, en outre, aiment se faire peur, prévient Aurel BGC. Néanmoins, il nous paraît toujours peu probable que l’escalade verbale entre Washington et Pyongyang dégénère en conflit armé.» L’annonce, vendredi, de la mise au point, par la Russie et la Chine, d’un projet commun de règlement de la crise entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, semblait rassurer les investisseurs.
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