
L’accord sur l’après Brexit est signé

The deal is done ». C’est par ce tweet que Boris Johnson, le Premier ministre britannique, les bras en V et les pouces levés sur la photo, a annoncé la conclusion d’un accord entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne sur les relations commerciales post Brexit.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également officialisé l’accord. « Le chemin a été long et difficile. Mais nous avons un bon accord (...). C’est un accord juste, équilibré et c’est la chose juste et responsable à faire de la part des deux parties », a déclaré la présidente de la Commission.
« (Cet accord) va poser les bases solides pour un nouveau départ avec ami de longue date. Et il signifie que nous pouvons enfin laisser le Brexit derrière nous et l’Europe continue d’avancer », a ajouté Ursula von der Leyen.
L’accord conclu entre l’Union européenne et le Royaume-Uni est essentiel pour protéger les citoyens, les pêcheurs et les producteurs français, a déclaré jeudi Emmanuel Macron sur son compte twitter. « Nous nous assurerons que c’est bien le cas », ajoute le président français, soulignant que « l’unité et la fermeté européennes ont payé ». « L’Europe avance et peut regarder vers l’avenir, unie, souveraine et forte », assure Emmanuel Macron.
«Soulagement et tristesse»
Michel Barnier, qui menait les négociations pour l’Union européenne, a exprimé son « soulagement (...) mais teinté d’une certaine tristesse, quand on compare ce qu’il y avait avant et ce qui nous attend désormais ».
Le Parlement européen se prononcera « au cours de la nouvelle année » sur cet accord, a déclaré jeudi son président David Sassoli, alors que le Brexit deviendra effectif le 1er janvier. Le Parlement européen « regrette que la durée des négociations et le caractère in extremis de l’accord ne permettent pas un véritable contrôle parlementaire avant la fin de l’année », a-t-il ajouté.
Formellement, le Royaume-Uni a quitté l’UE le 31 janvier dernier. Il est depuis dans une période de transition durant laquelle il reste soumis aux règles européennes, et donc aux accords commerciaux négociés par la Commission européenne au nom des Etats membres de l’UE. Cette période transitoire court jusqu’au 31 décembre 23h00 GMT. D’où la nécessité de conclure un accord avant cette date butoir, sinon à obtenir une prolongation de la période de transition.
L'évaluation se poursuit sur les services financiers
Cet accord doit permettre, à partir du 1er janvier, d’ordonner les 1.000 milliards d’euros d'échanges commerciaux annuels entre Londres et le bloc des Vingt-Sept. Négociés à part, les services financiers, premier secteur de l'économie britannique, ne font pas partie de cet accord.
Sur ce point, l’Union européenne n’est pas encore en mesure de répondre aux demandes de la Grande-Bretagne sur son accès aux marchés financiers européens, en dépit de l’accord commercial. L’exécutif européen a déclaré qu’il souhaitait une « série de clarifications supplémentaires » sur la manière dont la Grande-Bretagne va s'écarter des règles de l’UE après le 31 décembre. « Pour ces raisons, la Commission ne peut pas finaliser son évaluation de l'équivalence du Royaume-Uni dans les 28 domaines (concernés) et ne prendra donc pas de décision pour le moment. Les évaluations vont donc se poursuivre », a déclaré le fonctionnaire.
Accord sur la pêche
Menés depuis des mois, les négociations se sont débloquées dans la nuit de mercredi à jeudi. Le dernier gros point d’achoppement portait sur les quotas de pêche et les conditions d’une concurrence équitable, avait indiqué mercredi matin le gouvernement britannique.
Selon le ministre irlandais des affaires étrangères, l’accord prévoit qu’environ un quart des prises de pêche européennes dans les eaux britanniques seont restituées au Royaume-Uni, avec un accès garanti pendant cinq ans et demi aux navires de pêches.
Soulagement de l’industrie
L’annonce de cet accord a provoqué un ouf de soulagement pour de nombreux industriels, qui craignaient un hard Brexit sans accord, et donc avec des barrières douanières potentiellement fortes. « Airbus se félicite de l’accord conclu entre l’UE et le Royaume-Uni », a par exemple commenté le président exécutif d’Airbus, Guillaume Faury. « Nous devons analyser les conséquences sur nos activités mais nous sommes heureux que la perturbation potentielle due à un scénario sans accord ait été évitée », a souligné un porte-parole du groupe.
L’Association des constructeurs européens d’automobiles (Acea) s’est aussi félicitée de l’accord, quel a qualifié de « grand soulagement (…) car il permet au secteur d'éviter l’effet catastrophique d’un Brexit sans accord ». « Il n’y a pas d’autre industrie qui soit plus étroitement intégrée que l’industrie automobile européenne, avec des chaînes d’approvisionnement complexes s'étendant sur toute la région », a souligné le directeur général de l’Acea, Eric-Mark Huitema.
L’Acea a cependant fait remarquer qu’elle ne pourra pas procéder à une évaluation complète des implications de l’accord tant que tous les détails techniques n’auraient pas été rendus publics. « Ce n’est qu'à ce stade que l’on saura si l’accord reflète pleinement les intérêts des constructeurs automobiles de l’UE et de leurs chaînes d’approvisionnement », a ajouté l’association.
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