
La résistance contre l’offre de retrait d’Altice Europe s’organise

Visible sur le marché depuis l’annonce de l’intention mi-septembre, l’opposition de certains actionnaires d’Altice Europe contre le projet de retrait de la cote initié par Patrick Drahi devient plus vocale. Lucerne Capital Management, qui détient environ 94 millions d’euros d’actions de l’opérateur de télécoms, a envoyé lundi une lettre au conseil d’administration du groupe pour s’opposer à l’offre, formulée à 4,11 euros par action.
Un prix insuffisant selon Lucerne, qui se demande, par exemple, si le rapport indépendant réalisé par Lion Tree tient compte des 2,4 milliards d’euros de dommages et intérêts potentiels que SFR, principale filiale d’Altice Europe, pourrait percevoir s’il venait à remporter une action engagée contre Orange en 2010 pour pratiques anticoncurrentielles présumées sur le marché de la téléphonie mobile pour les entreprises.
«La grande majorité des actionnaires minoritaires d’Altice Europe estiment que l’offre publique n’est rien d’autre qu’une tentative illicite de M. Drahi d’exploiter la pandémie de Covid-19 pour se transférer une fois de plus une valeur massive à lui-même, au détriment des actionnaires minoritaires», grogne le fonds d’origine américaine, qui dit être actionnaire d’Altice Europe depuis son IPO en 2014.
Lucerne s’étonne aussi que Next, la holding de Patrick Drahi, qui détient les trois quarts du capital et des droits de vote d’Altice Europe, puisse participer à l’AG extraordinaire du 7 janvier prochain et voter en faveur de l’offre de retrait comme l’indique la note d’opération. «Patrick Drahi espère apparemment écarter rapidement les minoritaires tout en évitant toute forme de contrôle du prix», tempête Lucerne.
C’est pourquoi le fonds «estime que ce plan est illégal au regard du droit néerlandais» et se demande pourquoi «les membres indépendants du conseil d’administration, dirigés par Monsieur Van Breukelen, se prêtent à l’approbation d’un projet aussi manifestement inapproprié».
«Si les membres indépendants du conseil d’administration sont décidés à poursuivre sur cette voie erronée», Lucerne se dit prêt à «demander au tribunal administratif d’ordonner une enquête sur la marche des affaires et la gestion d’Altice Europe et de demander des mesures immédiates pour empêcher que les mesures soient soumises au vote de l’AGE du 7 janvier 2021».
Altice Europe ne fait pas de commentaire.
Plus d'articles du même thème
-
Carrefour relève de 10% son offre sur sa filiale brésilienne
Le distributeur propose désormais 8,5 reals par titre aux actionnaires minoritaires de Grupo Carrefour Brasil. -
BDL Capital Management se dresse face à Prosus sur la route du rachat de Just Eat Takeaway
Le gestionnaire d’actifs parisien critique les conditions de l’offre sur la plateforme de livraison de repas. Il juge le prix proposé de 20,3 euros par action bien trop décoté face à une valeur intrinsèque de la cible dont il détient 2% du capital. -
Brookfield envisagerait une nouvelle offre sur l’espagnol Grifols
Quelques mois après avoir essuyé une fin de non-recevoir des dirigeants du laboratoire pharmaceutique, la société de capital-investissement aurait repris les discussions sur la base d’une valorisation de 7 milliards d’euros.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions