
La RATP subit la grève des investisseurs

Le marché primaire obligataire euro veut pleinement profiter de la fenêtre de tir offerte par l’accalmie sur les marchés actions. La semaine passée a été l’une des plus actives depuis début mars tous émetteurs confondus – entreprises, financières et secteur public –, avec 46 milliards d’euros proposés. Mais si le marché est ouvert, son accès reste difficile pour certains émetteurs. Parfois l’accueil des investisseurs peut être surprenant malgré la qualité de la signature.
La semaine passée, l’émission obligataire de 500 millions d’euros du groupe RATP, noté Aa2 par Moody’s et AA par Fitch Ratings, n’a pas été totalement souscrite. La demande des investisseurs ne s’est élevée qu’à environ 435 millions d’euros. «Dans des conditions de marché très volatiles et dans un marché primaire très actif, la transaction a été finalisée avec une prime d’émission limitée», écrit Société Générale CIB dans un descriptif de l’opération. La banque faisait partie des teneurs de livres aux côtés de BNP Paribas, de Crédit Agricole CIB et de La Banque Postale.
La transaction a été réalisée le jour le plus actif de la semaine, avec 23 émetteurs en une seule journée, un record cette année. Il n’en demeure pas moins qu’une émission dont la demande est inférieure à l’offre est un fait rare. Payer une prime d’émission est un moindre mal.
Outre l’embouteillage dans le marché ce jour-là, l’emprunt RATP n’a sans doute pas rencontré son public pour une question de prix. Cette obligation à 10 ans a offert un rendement de 1,9% à l’émission, ce qui est aujourd’hui peu en comparaison d’autres émetteurs de la catégorie A, qui ne bénéficient certes pas de la garantie de l’Etat français. Ainsi, le groupe Bouygues a offert, mi-mai, un rendement de 2,33% pour une obligation à 7 ans d’un milliard d’euros, souscrite plus de trois fois. Le groupe autoroutier APRR a offert, la semaine passée, un rendement de 2,08% pour une obligation à 6 ans au prix d’une forte décote à l’émission de 1,24 point (coupon de 1,875%). Le carnet d’ordres a dépassé plus de deux fois l’offre. Signe du faible appétit pour l’émission proposée par le groupe RATP, le prix final est resté celui proposé lors du lancement de l’opération, avec un spread de 35 pb au-dessus de l’OAT de référence (2032).
D’autres émetteurs n’ont pas la même fortune et doivent renoncer faute d’appétit du marché. Ce fut le cas d’Eesti Energia, entreprise d’énergie détenue par l’Etat estonien, la semaine passée.
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