
La perte de confiance dans la livre sterling prend un tour spectaculaire

La livre sterling subit des pressions de plus en plus violentes. Déjà fragilisée par les craintes entourant les conséquences du Brexit sur l’économie britannique ainsi que par les mesures d’assouplissement renforcées prises par la BoE, la devise s’est effondrée brutalement de 6,2% vendredi matin face au dollar à 1,1841 sur les places asiatiques, selon les données Bloomberg. De son côté, Reuters évoque même une chute à une parité de 1,1491, alors que d’autres plates-formes mentionnent un plancher de 1,1378 correspondant à une chute de 10%.
«Si ce flash crash est difficile à expliquer dans la mesure où il ne correspond pas à une réaction des marchés à des informations concrètes, la moindre profondeur de marché et le coût plus élevé de la liquidité exacerbent les vulnérabilités», explique ainsi Citigroup.
Au moment du flash crash, la liquidité s’est ainsi asséchée brutalement avec un spread entre les cours offerts à l’achat (bid) et à la vente (ask) sur la devise qui a atteint un niveau 250 fois plus élevé que sa moyenne enregistrée depuis un an, selon Bloomberg. La volatilité implicite à un mois de la livre contre dollar s’est tendue de 3 points à 13,5% et se situe à 12% en moyenne depuis le début d’année, soit près de 4 points de plus que sa moyenne enregistrée l’an passé. L’incident de vendredi n’a en outre pas été limité à la seule parité contre dollar, la livre s’étant également effondrée de 6,1% face à l’euro et de 7,3% face au yen. Or, les investisseurs avaient déjà accru leurs positions vendeuses sur la livre à un niveau de +42 jeudi dernier sur l’indice BNP Paribas.
«Si la livre a ensuite refait les deux tiers de sa baisse en début de séance vendredi, cet épisode a eu des dommages sur la confiance des marchés», estime Citigroup. A 1,242, la devise a poursuivi sa baisse qui atteint 17% depuis le référendum sur le Brexit du 23 juin. Elle est au plus bas depuis mai 1985 face au billet vert. Malgré une meilleure résistance que prévu de l’économie britannique, la devise souffre de la persistance d’un déficit courant élevé, d’une perte de confiance des investisseurs alors que le débat politique des derniers jours en Grande-Bretagne laisse craindre un Brexit «dur».
«Le gouvernement britannique devrait être vivement critiqué suite à l’incident sur son manque de clarté sur sa stratégie depuis le vote du Brexit. La BoE devrait renoncer à assouplir davantage sa politique monétaire face à cette fragilité de la livre», ajoute Bank of Tokyo MUFJ.
Plus d'articles du même thème
-
Le Jour de la Libération rebat les cartes
Retrouvez comme chaque semaine le coup d’œil de DeftHedge sur le marché des changes. -
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
L’âge d’or de l’Amérique se termine maintenant
Fossoyeur du multilatéralisme, le président Trump démantèle de manière systématique les instruments de la puissance américaine, estime la directrice des études économiques du Groupe Crédit Agricole.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions