
La partie longue des taux euro remonte fort

Les marchés ont été hésitants, la semaine passée, alternant entre hausses et baisses mais à des niveaux historiquement élevés. «Cela confirme la résilience des marchés, avec une consolidation en mode risk-on», affirme Florent Pochon, stratégiste chez Natixis, précisant que l’indice de perception du risque a rejoint les niveaux bas de janvier 2020. Une situation durable tant que la perspective de reprise et la vigilance des banques centrales perdurent.
Ce pari sur la reflation est particulièrement visible sur les courbes de taux, aux Etats-Unis, mais aussi en zone euro. «Le mouvement sur la partie très longue de la courbe (10-30 ans) est impressionnant, note Adam Kurpiel, stratégiste taux chez Société Générale CIB. Le swap 30 ans est revenu à 0,25%, le Bund 30 ans en territoire positif et le 50 ans OAT a progressé à 50 points de base (pb)».
La reflation, qui a notamment porté les taux américains, soutenus parla relance budgétaire, a un impact sur les taux nominaux au travers des anticipations d’inflation.«La courbe européenne ne peut l’ignorer, affirme Adam Kurpiel. Plus l’écart de taux se creuse, moins la dette de la zone euro est attractive par rapport à la dette américaine, et plus les investisseurs réclament une prime, ce qui fait remonter les taux». La normalisation de la courbe des swaps réelle, qui s’était inversée l’an dernier sous -40 pb, un mouvement typique des périodes de stress, a aussi aidé à la repentification, en redevenant positive.
Le montant élevé des émissions a aussi joué sur la courbe. «La préférence des souverains pour la partie longue s’est accentuée depuis la crise, avec la hausse des déficits publics, et la volonté de profiter des taux bas», explique le stratégiste. L’offre de duration a été encore plus forte en janvier 2021 avec 120 milliards d’euros (volume en équivalent de duration 10 ans) émis au-delà du 10 ans (sur 145 milliards) comparé à 80 milliards l’an dernier. La France, la Belgique et l’Espagne ont proposé un montant cumulé de 17 milliards d’euros à 50 ans. Et ce repricing des courbes se fait malgré une demande qui reste soutenue. L’émission de l’Espagne à 50 ansa été couverte 13 fois.
La repentification de la courbe euro n’est pas terminée. La thématique de la reflation va durer avec le plan de relance américain. Les émetteurs souverains euro vont continuer d’émettre des montants importants sur le long terme. L’Italie est attendue à 30 ans, voire 50 ans. Certains évoquent même un emprunt à 100 ans.
{"title":"","image":"230890»,"legend":"","credit":""}
Plus d'articles du même thème
-
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat. -
Les gérants de crédit continuent de s’ajuster à la nouvelle donne
Les panélistes de L’Agefi sont de plus en plus prudents face au risque d’écartement des spreads, toujours serrés, en cas de fort ralentissement de la croissance suite au choc des tarifs douaniers. -
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions