
La Norvège entre dans un cycle de resserrement monétaire

La banque centrale norvégienne (Norges Bank) devrait relever dès aujourd’hui son taux directeur pour la première fois depuis 2011. Une hausse de 25 pb du taux directeur appliqué sur les dépôts à vue est anticipé par l’ensemble des 23 économistes interrogés par Bloomberg, et avec une quasi-certitude par le marché. Ce geste a été pré-annoncé par la Norges Bank lors de sa dernière réunion d’août, et ensuite a été renforcé par la publication de chiffres d’activité, mettant en lumière un rythme de croissance du PIB norvégien solide, de 3% au premier semestre. «La hausse des prix du pétrole et la réduction des craintes sur le budget italien devraient conduire la Norges Bank à relever son taux à 0,75%, ainsi qu’à durcir ses perspectives de hausse après 2018», explique SG CIB.
Deux ou trois hausses annuelles ?
Si ce premier geste semble ainsi largement acquis, la Norges Bank est surtout attendue sur le rythme de son resserrement monétaire. Or, ses dernières projections de juin dernier faisaient état d’une seule hausse d’ici la fin de l’année, suivie de deux par an à partir de l’an prochain pour dépasser le seuil des 2% au cours de 2020. Les marchés ont cependant commencé depuis à ajuster leurs anticipations à la hausse concernant son rythme de resserrement pour tabler sur trois hausses par an. «Comme les autres banques centrales ayant relevé leur taux, après une longue période de politique accommodante (Fed, BoE), la Norges Bank craint que la première hausse des taux puisse avoir des effets disproportionnés et ne pourra accélérer son rythme à trois par an, qu’une fois ces incertitudes levées», souligne de son côté ING.
La Norges Bank prendrait ainsi une longueur d’avance sur la Riksbank suédoise, qui a repoussé ses projections d’une première hausse de taux au début de l’année prochaine, et la BCE qui ne prévoit de relever les siens qu’à partir de l’été 2019. Cette divergence dans les cycles de normalisation des banques centrales s’est traduite par une appréciation de la couronne norvégienne, de 2,5% contre euro et de 1,5% face à la devise suédoise depuis deux semaines et de respectivement 5% et 8% depuis décembre 2017. Le spread entre rendements norvégien et suédois 10 ans s’est déjà écarté de 50 pb cette année, et de 30 pb avec le Bund, et l’annonce d’une accélération du rythme de resserrement de la Norges Bank exercerait une pression supplémentaire sur les rendements norvégiens, comme sur la couronne.
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
La Banque d’Australie passe un tour
Malgré une inflation en forte baisse, la banque centrale australienne reste prudente, en raison d’un marché de l’emploi vigoureux et d’une situation internationale incertaine. -
«La Fed devrait poursuivre ses baisses de taux jusqu’à 3,75% en fin d’année»
Warin Buntrock, directeur adjoint des gestions chez BFT IM
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions