
La France profite des taux bas pour se financer à très long terme

La France s’apprête à se financer à très long terme. L’Agence France Trésor (AFT), qui est chargée de la gestion de la dette de l’Etat, a annoncé hier qu’elle allait placer deux nouvelles obligations de maturité 20 et 50 ans «dans les prochains jours, en fonction des conditions de marché».
Le lancement de ces deux nouvelles obligations à long terme devrait permettre à l’Etat de profiter des taux exceptionnellement bas, dus notamment au renforcement du programme d’achat d’actifs de la Banque centrale européenne (BCE). La création de ces nouvelles obligations avait été évoquée lors de la présentation du programme de financement de l’AFT l’année dernière.
La France avait levé 5 milliards d’euros à 50 ans en 2010
Une nouvelle obligation à 20 ans (l’OAT 25 mai 2036) entre les traditionnels titres qui font référence à 15 ans et 30 ans répond «à la demande observée sur ce segment depuis deux ans et les recommandations des spécialistes en valeurs du Trésor (SVT)», avait expliqué l’AFT en 2015.
Le lancement de la première obligation à 50 ans remonte à 2005 mais la dernière sur cette maturité avait été placée en 2010 (l’OAT 25 avril 2060) et a désormais une maturité résiduelle de 44 ans, d’où la nécessité de lancer une nouvelle référence (l’OAT 25 mai 2066). Lors de sa dernière levée de fonds à 50 ans, l’AFT avait placé 5 milliard d’euros de titres à un taux de 4,175%.
La recherche de rendement pousse aujourd’hui les investisseurs à se porter vers des maturités de dette plus longue. Cependant, «alors que le rendement actuel de l’OAT 2060 est de 1,60%, pour beaucoup d’investisseurs [cette nouvelle obligation à 50 ans] risque d’être trop chère», estime Cyril Regnat, stratégiste chez Natixis. Selon lui, le fait que l’AFT s’apprête à placer en même temps des titres à 20 et 50 ans «permet de s’assurer qu’il va bien y avoir de la demande. Il y a des chances qu’il y ait plus de demande pour le 20 ans que pour le 50 ans».
Etant donné la spécificité de l’opération, celle-ci ne se fera pas par le biais d’une adjudication comme c’est la norme, mais via une syndication. Ses chefs de file sont Barclays, BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, HSBC, Morgan Stanley et SG CIB. Tous les SVT, qui sont au nombre de 18 depuis que Credit Suisse a renoncé à cette activité, feront partie du syndicat. «Ces deux nouvelles obligations seront par la suite abondées pour répondre à la demande des investisseurs et pour garantir leur liquidité», précise l’AFT dans son communiqué.
La charge de la dette s’en trouve allégée
Entre le début de l’année et le mois d’avril, le taux moyen pondéré sur les émissions de dette à moyen et long terme est ressorti à 0,42% contre 0,63% sur l’année 2015. Dans ce contexte de taux bas et de faible inflation, Bercy devrait abaisser sa prévision de la charge de la dette pour 2016, aujourd’hui à 44,45 milliards d’euros, à l’occasion de la présentation du programme de stabilité mercredi, selon Les Echos. La prévision de taux moyen à 10 ans devrait passer de 1,9% à 0,9% cette année. La prévision devrait être revue à 1,3% à la fin de 2016 et 2% à la fin de 2017.
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