
La demande de pétrole va conditionner son prix à moyen terme

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s’attend à voir sa production de pétrole brut baisser de 35 à 32,8 millions de barils par jour (mbj) entre 2019 et 2024. Son poids sur le marché mondial, dont la production approchera 100 mbj en moyenne cette année (après 98,3 mbj en 2018), diminuerait ces cinq prochaines années en raison de l’augmentation de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis, et de la croissance d’autres sources d’énergie concurrentes à moyen long terme avec la montée des préoccupations climatiques. «C’est cohérent avec le manque d’investissement dans le pétrole conventionnel depuis quatre ans, commente Benjamin Louvet, gérant matières premières chez Ofi AM. Les producteurs de pétrole conventionnel investissent seulement entre 450 et 470 milliards de dollars par an, essentiellement pour optimiser les puits déjà exploités, au lieu des 630 qui seraient nécessaires pour exploiter les nouvelles réserves identifiées.»
L’Organisation prévoit par ailleurs que l’offre de pétrole américain atteindra 16,9 mbj en 2024, contre 12,0 en 2019. «Elle anticipe que, si le cours du baril remontait, les investissements des différentes compagnies prendraient beaucoup moins de temps à être productifs pour le pétrole de schiste (3 à 6 mois) que pour le pétrole conventionnel (4 à 5 ans)», poursuit Benjamin Louvet.
Pour le gérant, qui voit toujours le baril autour de 100 dollars à moyen terme, ce cours ne devrait pas trop remonter à court terme, et pourrait même encore diminuer un peu si la conjoncture ne s’améliore pas. L’Opep, qui se réunira les 5-6 décembre pour «réguler» sa production, table sur une consommation mondiale de 103,9 mbj en 2023, en baisse par rapport à celle de 104,5 millions prévue encore l’an dernier, contre environ 100 mbj cette année après que les agences n’ont cessé de réviser à la baisse leurs prévisions.
A plus long terme, la demande devrait atteindre 110 mbj d’ici à 2040, une estimation également réduite du fait d’une dégradation des perspectives économiques et d’une baisse de la consommation de pétrole dans les pays de l’OCDE après 2020 grâce au développement de nouvelles sources d'énergie concurrentes. «La question environnementale se posera plus vite pour le pétrole de schiste que pour le pétrole conventionnel, dont les gaz générés par l’extraction sont valorisés et réutilisés, à la différence des producteurs de pétrole de schiste qui préfèrent les brûler faute de moyens pour les transporter ou les revendre», rappelle Benjamin Louvet.
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