
La BoE renonce à télégraphier ses prochaines hausses de taux

Les membres de la Banque d’Angleterre (BoE) ont durci leurs discours après le rendez-vous manqué de la dernière réunion du Comité de politique monétaire (MPC). Devant la commission parlementaire du Trésor, son gouverneur, Mark Carney, a ainsi indiqué hier que les enquêtes récentes montrent que «les ménages et les entreprises s’attendent très largement à des hausses des taux d’ici à la fin d’année, puis à un rythme très lent comparé au passé». Mais il souligne les risques d’un engagement préalable sur une trajectoire monétaire déterminée que la BoE «se sentirait obligée de suivre pour des raisons de crédibilité». Inquiétude partagée par Michael Saunders, Gertjan Vlieghe estimant, lui, qu’un rythme de hausse de 25 à 50 points de base (pb) d’ici à 2020 semble conforme aux prévisions d’inflation.
En outre, pour Mark Carney, le ralentissement de la croissance britannique au début d’année devrait être temporaire et il a maintenu sa prévision de rebond à 0,4% au deuxième trimestre, justifiant l’abandon soudain de la hausse des taux anticipée par le marché à sa réunion du 10 mai dernier. La probabilité de voir la BoE procéder à 2 hausses de taux de 25 pb avant la fin de l’été avait atteint 33% au milieu du mois d’avril. Les marchés n’anticipent plus qu’à 49% un seul relèvement de 25 pb à la réunion du 2 août prochain, qui sera accompagnée de la publication de son rapport trimestriel sur l’inflation. Le message envoyé hier au Parlement par le MPC est que toute décision dépendra de l’évolution des indices d’activité et des négociations sur le Brexit.
Le marché du travail est resté solide au premier trimestre, avec une hausse des créations d’emplois de 197.000, le maintien du taux de chômage à un plus-bas historique de 4,2%, conforme à l’estimation du niveau d’équilibre de la BoE, et un rythme annuel de hausse des salaires proche du seuil de 3% censé déclencher des tensions inflationnistes. En outre, la livre a reculé de 2% contre euro et de 7% face au dollar depuis avril, ce qui justifie «une hausse de taux en novembre, qui coïnciderait a priori avec la fin des négociations sur le Brexit», selon le Crédit Agricole. Alors que Londres doit publier un livre blanc sur l’après-Brexit, nombre d’incertitudes demeurent avant le sommet européen des 28 et 29 juin, et à dix mois de la sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE, qui pourraient modifier les perspectives de taux.
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