
La BCE veut donner de l’air aux obligations d’entreprises

La BCE a sauté le pas. La Banque centrale européenne a une nouvelle fois bravé les réticences probables d’un certain nombre de ses membres pour annoncer hier que d’ici à la fin du mois de juin, son programme de rachats d’obligations d’Etat sera complété par un programme de rachats d’obligations investment grade (IG) émises par des sociétés non financières (CSPP). En théorie, un montant d’au moins 20 milliards d’euros par mois pourra ainsi être consacré à ce nouveau programme, longtemps évoqué comme une possibilité par les économistes, même si sa ventilation entre obligations d’Etat et corporates n’a pas été précisée. Son but est ainsi de «renforcer la propagation des rachats d’actifs au sein de l’Eurosystème aux conditions financières de l’économie réelle», comme le rappelle la BCE.
La réaction du marché secondaire du crédit a d’ailleurs été immédiate, avec un fort resserrement de l’ensemble des spreads corporates. Les indices synthétiques Main et Crossover ont ainsi reculé de 9 points de base et 26,7 pb hier pour se rapprocher du seuil des 80 pb pour le premier et des 340 pb pour le second avec une forte hausse des volumes traités notamment en fin de séance. «Une fois le soufflé retombé, le segment du crédit euro corporate IG devrait se resserrer, ainsi que les obligations HY avec l’intensification de la recherche de rendement des investisseurs. A moins, cependant, que de forts volumes d’émissions sur le marché primaire (supérieurs à 350 milliards d’euros sur l’IG sur une année) ne viennent compenser les effets des rachats de la BCE», estiment les analystes crédit de SG CIB.
Si la BCE consacre les 20 milliards d’euros d’achats d’actifs supplémentaires par mois de son QE aux obligations corporates, cela représenterait 240 milliards de rachats par an. Or, le volume total d’émissions IG en euro a atteint un niveau quasi équivalent de 245 milliards au cours de l’année dernière. Si les émissions se sont reprises depuis plusieurs semaines après la période de gel du marché primaire en début d’année sous l’effet de la crise des marchés mondiaux, le segment high yield est resté à l’écart du mouvement. «En créant une rareté de titres sans risque mais aussi en réduisant la prime de risque sur les autres actifs, la BCE cherche à pousser les investisseurs vers les actifs plus risqués», indique le Crédit Agricole. Dans ce cadre, le CSPP pourrait ainsi profiter aux obligations high yield.
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
La désinflation se poursuit en zone euro
La diminution de la hausse des prix dans les services et une convergence plus générale entre les pays apparaissent comme un nouvel encouragement en faveur d’une septième baisse des taux de la Banque centrale européenne en avril. -
«La Fed devrait poursuivre ses baisses de taux jusqu’à 3,75% en fin d’année»
Warin Buntrock, directeur adjoint des gestions chez BFT IM
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions