
La BCE réduit ses taux pour la sixième fois

La Banque centrale européenne (BCE) a sans surprise abaissé jeudi ses taux directeurs d’un quart de point de pourcentage, dans un contexte de guerre commerciale avec les Etats-Unis et de réarmement européen face à la Russie.
La BCE a réduit le taux de rémunération des dépôts, son principal taux directeur, à 2,50% contre 2,75% précédemment. Il s’agit de la sixième réduction depuis qu’elle a commencé à diminuer les coûts d’emprunt en juin. Le taux de rémunération des dépôts était alors de 4% avant cette première baisse.
Les deux autres taux directeurs ont aussi été abaissés de 25 points de base (0,25 point de pourcentage). Le taux des opérations principales de refinancement a été fixé jeudi à 2,65%, contre 2,90% auparavant, et le taux de la facilité de prêt marginal a été abaissé à 2,90%, contre 3,15%.
Les trois nouveaux taux directeurs seront effectifs à compter du 12 mars.
A titre de comparaison, la Réserve fédérale (Fed) a maintenu en janvier ses taux directeurs dans une fourchette de 4,25% à 4,5%. La dernière baisse de taux de la Fed est intervenue en décembre dernier. La prochaine réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine aura lieu les 18 et 19 mars prochains.
La baisse des taux de la BCE intervient alors que les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté de 2,4% sur un an en février, après 2,5% en janvier et 2,4% en décembre, selon les données publiées par Eurostat, l’agence européenne de la statistique.
L’inflation reste ainsi légèrement au-dessus de l’objectif de la BCE fixé à 2% à moyen terme.
Une situation géopolitique explosive
Mais au-delà de l’inflation, c’est la situation géopolitique qui préoccupe le plus les observateurs. Le président américain, Donald Trump, a instauré mardi 4 mars des droits de douane de 25% sur les importations en provenance du Canada et du Mexique, et des tarifs douaniers de 10% supplémentaires pour les produits en provenance de Chine. Les Etats-Unis ont toutefois donné un sursis d’un mois avant l’entrée en vigueur de ces nouvelles taxes pour le secteur automobile canadien et mexicain.
En matière militaire, le Vieux Continent doit désormais faire front commun seul face à la Russie, qui est en plein rapprochement géostratégique avec les Etats-Unis. Trois ans après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les Américains ont décidé cette semaine de mettre en pause les livraisons d’armes à l’Ukraine ainsi que leur aide en matière de renseignement militaire.
Les pays européens se concertent ainsi en vue de relancer leurs dépenses d’investissement dans la défense afin de soutenir l’Ukraine.
Hausse des taux
«La BCE se trouve dans une position délicate entre la menace de tarifs douaniers américains à court terme, qui pourrait justifier de nouvelles baisses des taux directeurs, et l’engagement croissant en faveur d’une augmentation des dépenses de défense au cours des prochaines années, nécessaire pour assurer l’autonomie stratégique de l’Europe», estime dans une note Mark Wall, chef économiste pour l’Europe de Deutsche Bank.
Dans ce contexte, les taux souverains européens poursuivaient leur ascension ce jeudi en dépit de la décision de la BCE. En début d’après-midi, le rendement de l’obligation allemande à dix ans gagnait 7 points de base (pb), à 2,85%, et celui du titre français à même échéance grimpait de 8 pb, à 3,57%. En moins de deux jours, ils gagnent désormais 37 pb et 34 pb, respectivement.
A lire aussi: L’Allemagne fait remonter l’espoir et les taux en zone euro
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
L’emploi américain, une bonne nouvelle dans une période troublée
Les chiffres du rapport mensuel sur le marché du travail ressortent plutôt bons pour le mois de mars. Le détail confirme encore une dynamique faible de l’économie américaine, sans prendre encore en compte les effets des licenciements déjà effectués dans le secteur public, ni ceux liés aux risques économiques résultant de la hausse des droits de douane. -
La Chine riposte aux Etats-Unis et donne un nouveau coup de massue aux marchés
Les actions européennes plongent de nouveau après que Pékin a dévoilé une série de mesures en réponse aux droits de douane américains.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions