
La BCE prépare le terrain de sa prochaine intervention

Christine Lagarde va devoir quitter son costume de «hibou»… Aux journalistes qui lui demanderaient, après la réunion de politique monétaire de ce jeudi, si elle se voit plutôt en «faucon» ou en «colombe», la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) ne devrait plus répondre vaguement comme en décembre. A moins de risquer de présenter l’institution comme une banque centrale moins accommodante, maintenant que la Fed a arrêté sa nouvelle stratégie synonyme de taux bas au détriment du risque de remontée d’inflation.
Personne n’attend d’annonce officielle, mais la communication sera de nouveau importante, après les premiers signes de divergence entre membres du directoire : le chef économiste Philipp Lane a évoqué à Jackson Hole une deuxième étape d’interventions liées à l’inflation, alors qu’Isabelle Schnabel a considéré la politique actuelle bien calibrée, ce qui suggère que la prochaine décision prendra plus de temps.
Diverses raisons de réagir
«Nous attendons un indice explicite indiquant un assouplissement monétaire à venir, en fonction bien sûr des données économiques à venir. Christine Lagarde pourrait faire référence au plan d’achats d’urgence (PEPP), qui pourrait être utilisé plus vite et donc à nouveau renforcé, ou à une baisse des taux – idéalement via le taux des prochaines opérations de refinancement à long terme TLTRO 3», note Frederik Ducrozet, stratégiste de Pictet WM, évoquant, au-delà des anticipations de baisses des taux, diverses raisons de réagir : inflation sous-jacente à 0,40%, désancrage des anticipations d’inflation, incertitudes économiques, géopolitiques et budgétaires, augmentation des dettes publiques, avancées de la Fed, contrôle de l’euro, etc. Les analystes de Deutsche Bank, pour qui le ton général de la BCE ne devrait pas changer lors de cette réunion, le message de Philip Lane peut aussi laisser entendre que le PEPP n’est pas l’instrument pour cibler l’inflation à moyen terme.
L’avenir de la monnaie unique pourrait également, comme la revue stratégique qui doit débuter en octobre, être au cœur des questions de ce jour, même si le cours est retombé au-dessous de 1,18 dollar depuis le 2 septembre et un premier avertissement de Philip Lane rappelant l’importance du taux de change. Le message de Christine Lagarde sera sans doute similaire, là aussi avec dans un coin de tête les effets directs sur l’inflation.
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