
La BCE demande aux banques d’accélérer sur le climat

Zéro. Pas une seule banque ne répond aux attentes de la Banque centrale européenne (BCE) en matière de risques climatiques et environnementaux. La BCE a publié lundi sa toute première évaluation à grande échelle de la manière dont les banques européennes ajustent leurs pratiques pour gérer les risques climatiques et environnementaux, et le constat est sans appel. Sur les 122 banques directement surpervisées par l’institution, « aucune n’est proche de répondre à toutes les attentes prudentielles ». Elles vont pourtant devoir s’y atteler, car la BCE intégrera progressivement les risques climatiques et environnementaux dans sa méthodologie de contrôle et d’évaluation prudentiels (SREP), et ces critères auront une incidence sur l’exigence de fonds propres des banques.
« La BCE espère combler certaines des lacunes identifiées jusqu'à présent et encourager les banques à aller plus énergiquement vers l’intégration complète des risques climatiques et environnementaux dans leur ADN », a commenté dans un blog Frank Elderson, membre du directoire de la BCE et vice-président du Conseil de surveillance prudentielle. « Nous attendons des banques qu’elles gèrent en fin de compte les risques climatiques et environnementaux de la même manière que tout autre risque important auquel elles sont confrontées », a-t-il précisé.
Mais pour l’heure, il reste aux banques du chemin à faire. La moitié d’entre elles s’attendent pourtant à ce que les risques climatiques et environnementaux aient un impact significatif sur leur profil de risque au cours des trois à cinq prochaines années, relève la banque centrale. Les risques liés au crédit, aux opérations et aux modèles d’affaires seraient les plus touchés. Quant aux établissements qui s’estiment à l’abri, la BCE affirme que « toutes les banques qui ont jugé qu’elles n’étaient pas exposées aux risques liés au climat avaient des lacunes importantes dans leur évaluation des risques ».
Progrès insuffisants
Les banques ont, certes, amélioré leurs pratiques, avec la mise en place de plans d’action en ligne avec le guide publié par la BCE en novembre 2020 sur ses attentes en matière de climat. Cependant, « la qualité de ces plans varie considérablement et les progrès sont trop lents. Seulement un tiers des banques ont mis en place des plans qui sont au moins globalement adéquats, et la moitié n’aura pas terminé la mise en œuvre de leurs plans d’ici la fin de 2022 », tance la BCE.
Tout n’est cependant pas noir dans le rapport de l’institution. La banque centrale constate par exemple que les deux tiers des banques ont réalisé des progrès significatifs dans l’intégration des risques liés au climat dans leur gestion du risque de crédit. Elles ont ainsi parfois introduit de nouveaux critères pour limiter les activités de financement fortement exposées aux risques liés au climat.
Même si la Cop 26 a laissé un goût d’inachevé, le climat constituera un point sur lequel les banques devront se concentrer dans les prochains mois. Les autorités analysent en effet actuellement la manière dont les banques publient leurs risques climatiques et environnementaux. La BCE publiera ses conclusions dans un rapport actualisé sur les informations à fournir en matière de climat et d’environnement au premier trimestre 2022.
La BCE procédera aussi à un examen complet de la préparation des banques à la gestion des risques climatiques et environnementaux au cours du premier semestre 2022, parallèlement à la réalisation de son premier stress test climatique entre mars et juillet 2022.
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