
La BCE compte cesser ses achats d’actifs au 3ème trimestre

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi s’attendre à mettre fin à son programme d’achats d’actifs au troisième trimestre, en raison de l’accélération de l’inflation et en dépit du risque que représente la guerre en Ukraine pour la croissance économique de la zone euro.
«Lors de la réunion de ce jour, le Conseil des gouverneurs a estimé que les informations disponibles depuis sa dernière réunion renforcent son anticipation selon laquelle les achats nets d’actifs au titre de son programme d’achats d’actifs (APP) devraient prendre fin au troisième trimestre», a indiqué la BCE dans le communiqué publié à l’issue de sa réunion de politique monétaire.
Comme en mars, la BCE a souligné que les achats nets d’actifs réalisés dans le cadre de son programme régulier d’achats d’actifs (APP) s'élèveraient à 30 milliards d’euros en mai et 20 milliards d’euros en juin, après 40 milliards d’euros en avril. Au troisième trimestre, le «calibrage» des achats nets «tiendra compte des données et de l'évolution de son évaluation des perspectives», a précisé la BCE. Si les indicateurs montrent que les anticipations d’inflation à moyen terme ne diminuent pas, la BCE mettra fin à l’APP au troisième trimestre, a-t-elle à nouveau prévenu.
La BCE avait modifié le mois dernier le calendrier de ses achats d’actifs, accélérant le rythme du retrait prévu, afin de tenir compte d’une inflation élevée.
Parallèlement, la BCE laissé ses taux d’intérêt inchangés jeudi et a confirmé ses indications prospectives. Le principal taux de refinancement de la BCE a été maintenu à 0% et le taux de rémunération des dépôts à -0,5%. La banque centrale a souligné que les taux resteraient à leurs niveaux actuels jusqu’au retour durable de l’inflation à 2% et que leur ajustement serait ensuite progressif et interviendrait «quelque temps» après la fin des achats nets d’actifs.
Vers une première hausse des taux en septembre ?
Les annonces de la BCE confirment le biais restrictif adopté le mois dernier. De nombreux investisseurs pensent que la banque centrale annoncera la date de fin de ses achats d’actifs en juin, lorsqu’elle disposera des nouvelles projections de croissance et d’inflation de ses équipes. Certains estiment qu’elle pourrait aussi en profiter pour dévoiler la date envisagée pour un premier relèvement des taux d’intérêt.
Les marchés intègrent actuellement deux hausses de 25 points de base d’ici à la fin de l’année, ce qui permettrait de à la BCE de mettre fin à une longue période de taux négatifs en portant le taux de rémunération des dépôts à 0%. Les économistes pensent que la première hausse des taux d’intérêt pourrait intervenir en septembre.
«Un relèvement des taux d’ici le début du quatrième trimestre 2022 est une réelle option pour le conseil des gouverneurs, si l’inflation ne diminue pas comme prévu cet été», indiquent ainsi Erick Muller et Ian Horn, respectivement directeur de la stratégie d’investissement et gérant chez Muzinich & Co.
En relevant ses taux cette année, la BCE emboîterait le pas de nombreuses autres banques centrales mondiales, dont la Réserve fédérale (Fed) américaine et la Banque d’Angleterre, dans un contexte d’inflation élevée alimentée par la flambée des prix des matières premières.
Des échanges perturbés mais une activité soutenue
Si l’inflation a atteint un record de 7,5% en zone euro en mars, justifiant le resserrement attendu de la politique monétaire de la BCE, l’institution est également confrontée à une incertitude élevée, les répercussions de la guerre en Ukraine et des sanctions adoptées contre la Russie sur l'économie de la zone euro restant difficiles à évaluer à ce stade et dépendant notamment de la durée du conflit.
Dans son communiqué de jeudi, la BCE a ainsi souligné que «l'évolution de l'économie dépendra[it] fondamentalement de la suite du conflit, des retombées des sanctions en vigueur et d'éventuelles mesures supplémentaires». Si l’invasion de l’Ukraine par la Russie perturbe les échanges commerciaux et pèse sur la demande et la production en raison de la flambée des prix de l'énergie et des matières premières, l’activité dans la zone euro «reste soutenue par la réouverture de l'économie après la crise de la Covid-19», a estimé la BCE.
L’inflation «restera élevée au cours des prochains mois, principalement en raison de la vive hausse des coûts de l'énergie», a-t-elle également prévenu.
Dans ce contexte, «le conseil des gouverneurs n'écartera aucune option et conservera la progressivité et la flexibilité dans la conduite de la politique monétaire», a indiqué l’institution.
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