
La BCE adapte à son tour sa politique monétaire

La BCE a opté pour une version simplifiée de sa politique monétaire. Si les économistes s’attendaient à un assouplissement des critères de ses rachats d’obligations pour répondre à une pénurie de titres éligibles, la Banque centrale européenne a préféré maintenir hier dans un premier temps le rythme de son programme à 80 milliards d’euros par mois jusqu’à la fin mars 2017, avant de le prolonger à un rythme de 60 milliards sur les neuf derniers mois de l’année. Elle a en outre ajouté un critère de flexibilité lui permettant d’ajuster à la hausse le niveau et/ou la duration de ses rachats d’obligations dans le cas d’une dégradation des perspectives de croissance et d’inflation ou des conditions financières. Elle pourrait aussi prolonger le programme au-delà de l’horizon fixé hier à fin décembre 2017.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE a également étudié la possibilité de prolonger les rachats à un rythme de 80 milliards d’euros pendant six mois supplémentaires, alors que Mario Draghi a insisté sur le fait que cette décision ne constituait en aucun cas une forme de «tapering» qui signifierait que la BCE a entamé un processus menant à la fin de son programme. La solution adoptée correspond à un montant total de rachats de 540 milliards d’euros, supérieur à celui de 480 milliards de la solution écartée.
«Cette décision est loin de constituer un ‘taper tantrum’ [les turbulences causées par les annonces de la Fed en 2013, ndlr], d’autant qu’à partir de fin mars 2017, la BCE devra commencer à réinvestir le principal des obligations rachetées arrivant à maturité, ce qui portera le montant net du programme à un niveau supérieur à 60 milliards d’euros», estime ING.
Une remontée progressive de l’inflation
Dans ce cadre, la BCE a livré des perspectives qui suggèrent une remontée progressive de l’inflation à un niveau moyen de 1,3% l’an prochain, puis 1,5% en 2018 et 1,7% en 2019. S’il avait récemment estimé que l’inflation devrait revenir vers son objectif entre 2018 et 2019, Mario Draghi a indiqué que le niveau d’inflation prévu à 1,7% sur 2019 n’est «pas vraiment» conforme à cet objectif et qu’il n’y a aucun signe pour l’instant d’une tendance haussière convaincante de l’inflation sous-jacente. Si l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui promet une politique budgétaire favorable à une hausse de l’inflation aux Etats-Unis, a permis un redressement des anticipations d’inflation, le taux de swap euro inflation 5 ans dans 5 ans semble s’être stabilisé autour de ses niveaux de début d’année, à 1,7%.
Pour répondre à la pénurie de titres éligibles, Mario Draghi a expliqué qu’une baisse de la maturité minimale de eux ans à un an, couplée à la possibilité de racheter si nécessaire des actifs dont le rendement est inférieur au taux de dépôt de -0,40% a été préférée à une hausse de la limite d’achats sur les émissions du fait des contraintes institutionnelles et légales. Une modification de la clé de répartition des achats par pays n’a pas été évoquée. UniCredit estime que ces mesures permettent d’étendre l’univers du QE de la BCE de 215 milliards d’euros.
Ces mesures se sont traduites par une pentification de la courbe, avec une baisse du rendement du taux allemand à 2 ans de 7 pb hier à -0,77%, et une hausse du Bund à 10 ans de 4 pb à 0,38%. «A l’instar de la BoJ, le changement de régime de la politique monétaire de la BCE a pour objectif de repentifier la courbe des taux», indique Citigroup. L’a prolongation des rachats a fait chuter l’euro de 2% face au dollar hier à 1,063, avec une hausse globale des taux longs de 5 à 10 pb, mais aussi des spreads des pays périphériques, notamment italiens et portugais.
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