
La banque centrale turque fait cavalier seul parmi les émergents

La Banque centrale de Turquie (BCT) reste un ovni dans le paysage actuel des banques centrales. Malgré une inflation de 80%, la BCT continue de baisser ses taux d’intérêt. Jeudi, elle a de nouveau surpris en abaissant encore de 100 points de base (pb) son principal taux directeur à 12%. Le marché attendait un statu quo. La banque centrale avait déjà surpris lors de sa dernière réunion. Depuis qu’elle a débuté son cycle de baisse des taux en septembre 2021, elle a réduit de 700 pb son principal taux directeur. La BCT justifie ce nouveau geste par de premiers signes de ralentissement de la croissance. Et ce malgré une devise en chute libre, qui alimente l’inflation importée, notamment via les prix de l’énergie et de produits alimentaires, et déséquilibre la balance courante. Mais la priorité de la banque centrale, sous la pression politique, est la croissance donc une baisse des taux.
Faible momentum
«Le raisonnement derrière l’extension du cycle de baisse des taux est inchangé, souligne Muhammet Mercan, économiste chez ING. La BCT a cité la nécessité de conditions financières favorables afin de préserver la dynamique de croissance de la production industrielle et l'évolution positive de l’emploi.» Elle a également été influencée par la baisse de la demande étrangère dans un environnement d’incertitudes accrues entourant les perspectives de croissance mondiale ainsi que par l’escalade des risques géopolitiques, selon l’économiste pour qui les pressions toujours croissantes sur le compte courant et la modération des flux de capitaux impliquent la possibilité de nouveaux prélèvements sur les réserves. La livre turque a touché un nouveau plus bas historique de 18,42 face au dollar.
Banques plus restrictives
D’autres banques centrales se réunissaient ce jeudi dans le monde émergent, notamment en Asie, mais avec pour ferme intention de ne pas se laisser distancer par la Réserve fédérale américaine qui a relevé hier de 75 pb le taux des Fed funds et indiqué son intention d’accélérer le pas. La banque centrale de Philippines a, comme prévu, augmenté de 50 pb son principal taux directeur à 4,25%, de même que la banque centrale indonésienne. Cette deuxième hausse n’était en revanche pas attendue. «La grande surprise est venue de la Banque d’Indonésie, qui a augmenté son taux de 50 pb à 4,25 %, soit plus que les 25 pb attendus par le consensus, indiquent les économistes de Natixis qui avaient prévu une telle possibilité. Alors que la roupie indonésienne figure parmi les devises les plus performantes depuis le début du trimestre et depuis le début de l’année en Asie grâce à son excédent commercial, à l’amélioration de la croissance et à une inflation bénigne, l’espace budgétaire s'épuise et l’inflation devrait augmenter.» Les économistes de Natixis s’attendent désormais à des mouvements similaires en Thaïlande et en Inde la semaine prochaine.
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