
Euronext mise sur ses leviers internes pour augmenter sa marge

Euronext entre dans une nouvelle phase. La Bourse a présenté hier son nouveau plan stratégique pour les trois années à venir, intitulé «Let’s grow together», afin de «construire l’infrastructure de marché leader en Europe : notre mission est de participer au financement de l’économie réelle sur long terme, et pour cela de connecter les économies locales aux marchés de capitaux à une échelle globale afin d’accélérer l’innovation et la croissance durable, a résumé Stéphane Boujnah, CEO et président d’Euronext. Les émetteurs ont besoin de notre soutien sur ces aspects en particulier.»
Le groupe a annoncé de multiples projets pour améliorer la croissance organique des différentes lignes métiers. Pour renforcer son leadership en matière de cotation de sociétés technologiques et améliorer encore son positionnement sur les PME, Euronext se placera plus encore en amont du processus d’IPO : rapprochement avec le private equity pour en devenir «la stratégie de sortie privilégiée», offre de services aux émetteurs, notamment de communication financière, etc. La même logique doit accompagner l’activité sur les obligations à Dublin, avec en outre le lancement d’un segment dédié aux «green bonds».
Sur le trading, la Bourse va continuer à déployer son modèle spécifique de tarifications adaptées aux différents types de clients sur les titres vifs, et dorénavant également sur les dérivés. Elle élargira aussi son offre sur les matières premières, notamment celle héritée d’Oslo Børs. Elle vendra par ailleurs sa technologie propriétaire de négociation (Optiq) aux petites plates-formes qui n’ont pas les moyens d’en développer en interne. Enfin, suite à l’acquisition de VPS, Euronext souhaite transformer ses infrastructures post-marché locales afin de les étendre.
Pour la transformation du groupe, Stéphane Boujnah a donc mis l’accent sur l’innovation, en améliorant la connectivité et les interactions avec les clients au travers d’une gestion améliorée des données, d’outils spécifiques développés à partir des nouvelles technologiques (cloud, blockchain, intelligence artificielle), ainsi que de nouveaux produits avec la «tokenisation» future de certains instruments financiers…
Il a également insisté sur le rôle de la société dans la finance durable, notamment en capitalisant sur l’expertise d’Oslo Børs VPS et sur la franchise du groupe dans les obligations vertes et les indices ESG afin de développer de nouveaux produits et services et de promouvoir des pratiques durables concrètes au sein d’Euronext.
12 millions de synergies avec Oslo Børs
En chiffres, cela reviendrait à augmenter le chiffre d’affaires (734 millions d’euros pour 2018 en pro forma) de 2% à 3% par an d’ici à 2022, et surtout la marge d’Ebitda de 57% à plus de 60%. Alors que la capacité d’investissement (3% à 5% des revenus annuels) et la politique de dividende (50% des résultats) ne changent pas, le groupe a chiffré les économies liées aux synergies avec Oslo Børs autour de 12 millions d’euros d’ici à 2022, après un coût attendu de la réorganisation de 18 millions.
Depuis 2014 et sa prise d’indépendance d’avec Nyse, au travers notamment d’un nouveau groupe d’actionnaires de référence détenant 23% du capital, la Bourse paneuropéenne a connu une croissance remarquable et une certaine diversification entre les classes d’actifs et les services couverts, notamment à partir du précédent plan triennal annoncé en 2016. La diversification a permis de passer de 44% à 51% de chiffre d’affaires indépendant des volumes de trading, avec 22% de revenus en provenance de nouvelles géographies, notamment avec les rachats des Bourses de Dublin (2017) et d’Oslo Børs (2019).
Le groupe, qui se dit parfaitement préparé depuis mars à tous les scénarios autour du Brexit, estime avoir au moins 700 millions d’euros de cash disponible pour des acquisitions transformantes, et la possibilité de lever jusqu’à plus de 2 milliards en actions (pour une capitalisation actuelle de 5 milliards) en cas de besoin. Sachant que ces acquisitions pourraient porter tant sur de nouvelles géographies que sur de nouvelles lignes métiers, par exemple dans les données – comme pour le London Stock Exchange avec Refinitiv – «sous réserve de ne pas payer des multiples exagérés».
Quant à devenir une cible pour de grands investisseurs en provenance d’autres continents ? «Euronext est devenu le plus grand marché paneuropéen avec plus de 4.000 milliards d’euros de capitalisations, et démontre faire mieux que beaucoup de ses pairs en termes de résultats et d’emplois des capitaux», a répondu Stéphane Boujnah.
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions