
Bruxelles amorce le financement du plan de relance

Après des mois de tergiversations, le financement du plan de relance européen est lancé. L’Union européenne (UE) devrait emprunter sur les marchés de capitaux environ 80 milliards d’euros d’ici fin 2021 via des obligations à long terme, a annoncé mardi la Commission. Lundi, les vingt-sept Etats membres de l’UE ont entériné l’émission de dette commune, donnant le véritable coup d’envoi à NextGenerationEU.
La première émission devrait être organisée dans le cadre d’une syndication bancaire fin juin, a précisé l’exécutif européen dans un communiqué. Clément Beaune, secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, a indiqué que cette première transaction se situerait autour de 10 milliards d’euros, sans préciser les maturités. D’autres émissions devraient avoir lieu avant fin juillet.
Contrairement à ses précédentes émissions, dont les plus importantes ont été réalisées dans le cadre du programme SURE, l’UE opte pour un schéma de financement diversifié avec un programme prédéfini communiqué au marché. Chaque année, l’UE définira un montant d’émission maximum pour couvrir les besoins du plan de relance avec un programme d’émission semestriel. Une première mise à jour en septembre est prévue.
Par ailleurs, outre desémissions obligataires de long terme sur des maturités de 3 ans à 30 ans, l’UE va innover en plaçant des dettes court terme à moins d’un an pour pouvoir couvrir rapidement des besoins en complétant le programme obligataire. Pour ce faire, Bruxelles va mettre en place une plateforme d’adjudication : la plateforme TELSAT de la Banque de France a été choisie. Pour mener à bien ces opérations, Bruxelles a fait appel à des professionnels issus des banques centrales nationales. Une partie des obligations (les émissions sur des souches déjà existantes) seront placées via des adjudications également. Un pool de 39 banques a été sélectionné par la Commission pour participer à ces opérations. Ces primary dealers seront également sollicités dans les syndications.
Et la tâche n’est pas mince. Le programme d’émission s’élève à 800 milliards d’euros (prix actuels) jusqu’en 2026, soit une moyenne de 150 milliards par an. Les financements verts représenteront 30% du total via des green bonds. L’UE va devenir le plus important émetteur de dette reposant sur des critères durables. Elle a déjà émis 90 milliards d’euros d’obligations sociales SURE. Avec comme objectif de faire de cette dette une référence sur le marché euro et surtout d’obtenir les meilleures conditions de financement. La demande devrait être au rendez-vous.
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