
Bercy s’attaque aux tarifs des PER

C’est un anniversaire en demi-teinte pour le Plan d'épargne retraite (PER). Le produit, lancé en 2019 dans le cadre de la loi Pacte, fête aujourd’hui ses deux ans non sans succès, à en croire le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, qui s’est exprimé jeudi matin devant les journalistes : « Le résultat est au-delà de toutes nos espérances. Nous avions fixé un objectif de 3 millions de Français avec un PER d’ici 2022, nous sommes à 3,8 millions de détenteurs, ce qui devrait nous permettre d’atteindre les 4 millions début 2022 avec des encours qui dépasseront les 50 milliards d’euros ». Précisément, ces 3,8 millions de PER se décomposent en 1,9 million de PER individuels et 1,9 million de PER collectifs, précise Bercy. « Ce succès tient à l’attractivité du produit, l’épargne accumulée avec la crise et le besoin de sécurité en matière de financement », explique le ministre.
Un succès entaché depuis plusieurs semaines par des critiques concernant les frais du produit, après la publication d’un rapport sur le sujet par la présidente du Comité consultatif du secteur financier (CCSF). Celui-ci pointe du doigt l’accumulation des frais et leur niveau final. Le montant moyen des frais maximum affichés sur versement constaté sur le panel des 34 contrats PER d’assurance analysés par le rapport atteint 3,18%.
« Nous allons prendre les mesures nécessaires pour que les frais soient moins élevés, a tranché Bruno Le Maire. Je considère que les acteurs du marché prennent des commissions excessives par rapport à ce qui doit être fait. Le rapport du CCSF soulignait que la comparabilité devait être améliorée, nous engageons un travail de place avec les banques et les assurances pour récapituler les frais. Je ne me satisferai pas de la transparence, il faut que cela s’accompagner d’une baisse des frais. »
Un accord de place plutôt qu’un texte contraignant
« L’objectif est d’engager une dynamique de place pour mieux maitriser les frais et ne pas porter atteinte au succès du produit. Le cumul de la variété des lignes de frais et de leur accumulation aboutit à une facture salée sans que les épargnants s’en rendent compte. C’est un sujet de transparence et comparabilité que l’on va chercher à dresser », explique Bercy, qui précise toutefois que « la transparence reste un moyen et pas une fin ». Ainsi, le ministère entend conduire le marché à une maîtrise et une rationalisation des frais en permettant aux consommateurs de mieux choisir leur PER, grâce à une meilleure comparabilité, et donc d’éliminer les contrats les plus désavantageux. Un texte contraignant n’est pas d’actualité, bien que Bercy précise que le ministre tirera les conséquences si les résultats ne sont pas au rendez-vous.
C’est donc sur un accord de place avec les banques et les assurances que Bercy mise. Concrètement, l’idée est de suivre les propositions énoncées par la présidente du CCSF consistant à rendre plus lisible l’ensemble des frais à l’aide d’une colonne finale récapitulant l’ensemble des frais tant dans la documentation, aussi bien précontractuelle que contractuelle. Comme le proposait le CCSF, Bercy souhaite donner le total en pourcentage de l’encours.
Techniquement, l’idée est que cet accord touche l’ensemble des supports et que la création de cette colonne finale intervienne d’ici le début de l’année prochaine. Un comparateur public des tarifs n’est pas envisagé. « Nous ne voulons pas réglementer les frais. Leur diversité peut refléter la diversité des services rendus, c’est pour cela qu’une uniformisation n’est pas l’objectif », réaffirme Bercy.
Concurrence
Cette annonce intervient alors que Boursorama a lancé la semaine dernière un PER individuel « assurance » remarqué en raison de frais de gestion réduits, à 1% tout compris. Après Yomoni qui entend aussi se distinguer sur ses tarifs avec la version dite «compte-titres» du produit, moins répandue, les nouveaux acteurs ont déjà lancé la concurrence des frais sur les PER.
Plus d'articles du même thème
-
La Française REM se renforce dans le coliving pour Seniors
Le gestionnaire s’est porté acquéreur pour l’une de ses SCPI, d’un nouvel actif destiné à être un transformé. -
La Caisse Nationale des Barreaux Français recherche un conseil financier
L’organisme de sécurité sociale en charge de la gestion des régimes obligatoires d’assurance vieillesse de base, d’assurance vieillesse complémentaire, d’invalidité-décès, et d’aide sociale des avocats veut être accompagné pour ses appels d’offres dans le cadre de la gestion de ses réserves. -
L’investissement responsable pour les particuliers reste un casse-tête
L'Observatoire de l'épargne européenne examine les obstacles à l’essor des investissements responsables chez les particuliers. Si la responsabilité des distributeurs est mise sur la table, des solutions sont aussi à discuter.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions