Après l’euphorie de 2019, une pause est attendue sur le marché du crédit

La performance des obligations d’entreprises devrait rester positive. Mais l’endettement élevé et le risque d’un ralentissement marqué inquiètent.
Xavier Diaz
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Les actions ne sont pas les seules à avoir brillé en 2019 : la classe d’actifs crédit a aussi affiché des performances exceptionnelles. Les taux bas, voire négatifs pour une grande partie des obligations souveraines en zone euro, ont poussé les investisseurs en recherche de rendement vers les obligations d’entreprises en Europe mais aussi aux Etats-Unis. Le marché investment grade euro a progressé de 6,2% tandis que le high yield a bondi de 12,2% grâce à la baisse des taux (50 points de base [pb] pour le Bund dix ans sur l’année) et des spreads (plus de 200 pb pour le high yield). En Europe, la reprise par la Banque centrale européenne (BCE) de son programme de rachat d’obligations privées y a contribué. La performance du marché américain est encore plus spectaculaire, avec des gains de 14,7% pour l’investment grade et 14,3% pour le high yield.

Cette année, si ces performances seront difficiles à reproduire, les opérateurs ne s’attendent pas à un effondrement des cours. Le contexte de faible croissance et d’inflation basse est idéal pour la classe d’actifs. «En l’absence de récession avérée, la recherche de rendement et l’absence d’alternative continueront à soutenir l’appétit pour la classe d’actifs jusqu’au BB inclus», estime Vincent Marioni, directeur Europe des investissements crédit chez Allianz GI. Outre la forte demande des investisseurs, les facteurs techniques soutiendront la classe d’actifs, au premier rang desquels la baisse prévue des émissions nettes en 2020. Et si les spreads sont serrés, à 93 pb pour l’investment grade euro et 297 pb pour le high yield, ils restent supérieurs au point bas de 2017 et offrent un coussin par rapport au taux de défaut.

Pourtant, certains observateurs s’inquiètent de la détérioration des fondamentaux. Moody’s prévoit une hausse du taux de défaut à 3,6% d’ici à un an en Europe. L’endettement, qui est moins un fardeau en raison des faibles taux, commence toutefois à peser dans les bilans des entreprises. Leur levier financier pourrait dépasser 3,5 fois l’Ebitda cette année pour l’investment grade, tandis qu’il est déjà supérieur à 6 fois l’Ebitda pour le high yield. Au cours des derniers mois, la part des dégradations de notations a en outre dépassé celle des relèvements dans l’investment grade. La situation des entreprises américaines est encore plus tendue.

«2020 sera une année difficile pour le crédit, jugent les stratégistes crédit d’UBS. La faiblesse des profits devrait accroître le risque de défaut et les craintes sur le cycle économique.» Ils anticipent un écartement des spreads malgré le contexte de taux bas, de 35 pb et 30 pb pour l’investment grade en dollars et en euros respectivement et de 175 et 130 pb pour le high yield américain et européen. La performance totale (portage plus gain en capital) devrait être plus importante sur le marché américain, avec des gains de 2,5% et 1,1% pour l’investment grade et le high yield, contre 0,2% et -1,3% respectivement sur le marché euro. «Il convient de rester prudent sur les émetteurs les plus endettés (B/CCC), compte tenu de la persistance probable des défauts liés au contexte économique dégradé», ajoute Vincent Marioni. Quant au soutien du programme d’achat de la BCE, il est déjà intégré dans les cours, selon les stratégistes d’UBS, qui jugent son impact moins puissant qu’en 2016-2017 : «Avec 3-4 milliards d’euros d’achats mensuels, le programme est moitié moins important qu’il ne l’était en 2016-2017, époque où la croissance européenne était nettement plus élevée.»

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