
Airbnb profite de l’enthousiasme des marchés

Décembre promet d’être le mois de l’année le plus chargé, avec des offres records pour des introductions en Bourse (IPO) de valeurs technologiques, qui continuent de s’attirer les bonnes grâces des investisseurs.
Alors que septembre avait déjà été marqué par plusieurs opérations à succès, avec notamment l’arrivée tonitruante de Snowflake (gestion des données dans le cloud), Palantir (analyse des données) et Unity (moteur de création 3D) à Wall Street, le phénomène s’accélère en ce mois de décembre.
Soutien continu des marchés
Toutes les entreprises veulent profiter de l’état de grâce des marchés, faisant fi des incertitudes liées à l’aggravation de la crise sanitaire, et à un toujours hypothétique plan de relance aux Etats-Unis. «Ces sociétés ont été capables de publier des résultats solides cette année en dépit du coronavirus», souligne Karen Snow, en charge des cotations de la côte Est pour le Nasdaq.
Preuve du soutien des marchés, le Nasdaq, indice des valeurs technologiques, poursuivait hier sa progression à l’approche de ces nouvelles IPO de valeurs technologiques. Il avançait de 0,3% en ouverture, pour clôturer avec un gain de 2,60% lundi soir.
En outre, le fonds indiciel (ETF) Renaissance IPO, qui réplique la performance des sociétés récemment introduites, a gagné 38% au cours des trois derniers mois, contre un gain de 7,5% pour le S&P 500.
Fusion record avec un Spac
Premier coup de théâtre, lundi, la fintech américaine Paysafe Group a annoncé dans un communiqué sa fusion avec une firme de «blank check» dirigée par le milliardaire Bill Foley. Ce Spac (Special purpose acquisition company), un véhicule financier qui se cote en Bourse pour mener un rachat, va lever 2 milliards de dollars dans un placement privé afin d’aider à financer la transaction. A la clé pour Paysafe : une valorisation d’environ 9 milliards de dollars (7,43 milliards d’euros), dette incluse, qui en ferait une des plus grosses fusions de l’année avec un Spac. La nouvelle société, rebaptisée Paysafe, sera ensuite cotée au New York Stock Exchange.
La fintech londonienne, qui propose comme son alter ego américaine Stripe des services de paiements permettant aux sociétés d’accepter des cartes de crédit, du cash et des transferts directs en ligne, avait déjà levé environ 3 milliards de livres sterling auprès des fonds de private equity Blackstone et CVC en 2017.
Fourchettes indicatives relevées
En outre, dans la seule journée de lundi, plusieurs valeurs montantes de l’économie numérique ont revu à la hausse leurs fourchettes d’introduction en Bourse, signe de l’intérêt prononcé des investisseurs.
Alors qu’elle se prépare à réaliser, ce jeudi, une des IPO les plus attendues de l’année, qui sera un baromètre pour le tourisme après la pandémie, la plateforme américaine de réservation de logements Airbnb peut maintenant viser jusque 42 milliards de dollars de valorisation. Elle a annoncé avoir relevé sa fourchette indicative de prix, entre 56 et 60 dollars par action, contre une fourchette initiale de 44 à 50 dollars. Cela permettrait à la société de lever 3 milliards de dollars au moyen de l'émission de 50 millions de nouvelles actions.
La semaine dernière encore, Airbnb disait viser une valorisation de 35 milliards de dollars. Bien loin des affres qu’il a connus au début de la pandémie, lorsqu’il avait dû licencier 25% de ses effectifs, et vu sa valorisation potentielle dégringoler à 18 milliards de dollars, après une levée par de la dette. Mais elle a su convaincre avec son virage pris vers des locations de longue durée. En outre, Airbnb a offert des milliards de dollars de rémunérations en actions à ses salariés – de quoi rendre son IPO séduisante pour beaucoup.
De son côté, la société californienne de livraison de repas DoorDash, qui entrera en Bourse mercredi, prévoit de fixer son prix d’introduction dans le haut ou au-dessus de la fourchette indicative, qui se situe entre 90 et 95 dollars, selon le Wall Street Journal. DoorDash serait alors valorisée à 36 milliards de dollars au moins. Soit deux fois plus que sa valorisation atteinte lors de son dernier tour de table, en juin.
La start-up de e-commerce à bas prix Wish a revu elle aussi à la hausse ses prétentions. Sa maison-mère ContextLogic a fixé lundi les modalités de son entrée en bourse. Elle proposera quelque 46 millions d’actions de classe A lors de cette IPO, dont le prix devrait se situer entre 22 et 24 dollars par action. La valorisation de la société pourrait atteindre 14,07 milliards de dollars.
Enfin, l'éditeur américain de logiciels d’intelligence artificielle C3.ai a lui aussi relevé ses prix, de 36 à 38 dollars l’unité, contre une fourchette de 31 à 34 dollars annoncée la semaine dernière. Il pourrait lever jusqu'à 589 millions de dollars, et atteindre une valorisation de 3,66 milliards de dollars.
Plus d'articles du même thème
-
La coentreprise entre Orange et MasMovil pourrait rejoindre la Bourse espagnole
Les deux opérateurs ont fusionné il y a un an. Les discussions seraient menées par les fonds de private equity KKR, Cinven et Providence, qui sont actionnaires de MasMovil. -
Les introductions en Bourse sont à la peine à Wall Street
Coreweave a déçu pour son premier jour de cotation, vendredi 28 mars, alors qu'elle était la première grande société d'IA à se coter depuis le début du boom de l'intelligence artificielle. Un mauvais signal alors que des fintechs comme Klarna et eToro visent aussi la Bourse ces prochaines semaines. -
Discord prépare à son tour son entrée en Bourse à Wall Street
La plateforme sociale, qui était valorisée 14,7 milliards de dollars lors de sa dernière levée de fonds en 2021, préparerait son introduction en Bourse. Mais un autre candidat à l'IPO, CoreWeave, vient de revoir ses prétentions à la baisse, jeudi 27 mars, sur un marché qui reste fragile.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions