
Stress tests : l’autorité des assurances ponctue les bons résultats d’un bémol

Le pire n’est jamais certain mais il reste possible. Le régulateur européen des assurances (Eiopa) n’a pas été tendre dans ses hypothèses pour ses tests de résistance 2021 (stress tests) dont les résultats ont été publiés jeudi. Si l’Eiopa salue la «résilience» de l’industrie, elle souligne toutefois que les assureurs doivent, pour passer ces tests avec succès, encore parfois avoir recours à des mesures transitoires. Celles-ci avaient été mises en place pour faciliter le passage du régime de Solvabilité 1 vers Solvabilité 2. Or ces mesures doivent être progressivement supprimées d’ici 2032.
«Les résultats des tests ne sont pas mauvais du tout mais nous devons faire attention à ne pas être trop positifs», a déclaré la présidente de l’Eiopa, Petra Hielkema, lors d’une conférence de presse. «Les entreprises devraient prendre des mesures concrètes pour réduire leur dépendance à l’égard des mesures temporaires», souligne l’Eiopa dans son rapport.
Pour ces stress tests, auxquels 44 entreprises d’assurance ou de réassurance ont participé (soit environ 75% de l’industrie), l’autorité a confronté le secteur à un scénario prolongé de Covid-19 dans un environnement de taux d’intérêt «plus bas pour plus longtemps». Les chocs ont été calqués sur des risques jugés «graves mais plausibles». L’Eiopa a, comme elle l’a déjà fait lors de précédents tests, considéré une période où le taux sans risque et les primes de risque évoluent dans des directions divergeantes (scénario double-hit). Ceci a été complété par «un ensemble de chocs spécifiques à l’assurance découlant du déclenchement de la pandémie». Les assureurs pouvaient utiliser deux approches distinctes pour calculer leurs positions : l’approche dite du bilan fixe sans action de gestion et l’approche dite du bilan contraint, où les actions de gestion réactives étaient autorisées.
Dans l’approche du bilan fixe, le ratio de solvabilité agrégé des assureurs a diminué de 92,1 points, passant de 217,9% avant l’application des critères du test, à 125,7%. Suivant cette méthode, neuf entreprises sont passées sous le seuil réglementaire de 100%. Cependant, «les résultats se sont améliorés lorsque les participants, dans le cadre de l’approche du bilan limité, ont été autorisés à prendre des mesures de gestion réactives», note l’Eiopa. Dans ce dernier cas, le ratio de solvabilité agrégé du secteur s’est établi à 139,3% et sept des neuf entreprises qui avaient un ratio inférieur à 100% ont pu le ramener au-dessus de cette limite.
La béquille du transitoire
Les résultats ne prenant pas en compte les mesures transitoires sur le ratio de solvabilité apparaissent moins flatteurs. Dans ce cas, le ratio de solvabilité agrégé est de 204,6% avant l’application des tests et tombe à 111% dans le cas d’une approche de bilan fixe, avec 15 assureurs avec un ratio inférieur à 100%. En cas d’utilisation de mesures de gestion réactives le ratio du secteur est à 123,8% et 10 participants ne passent toujours pas la barre des 100%.
A la suite de ces tests, l’Eiopa a constaté qu’aucun des participants n’a déclaré un ratio d’actifs sur passif inférieur à 100%, ni selon l’approche du bilan fixe ni dans le cadre de l’approche du bilan contraint. Les tests ont aussi montré que la composante liquidité des assureurs demeurait une préoccupation moins importante que les positions de solvabilité compte tenu des importantes réserves d’actifs liquides du secteur.
Fin programmée de l’anonymat
Enfin l’Eiopa a marqué clairement sa volonté de rendre ces tests plus transparents et milite pour une publication des résultats individuels pour les participants, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Seuls quelques assureurs – généralement locaux – ont accepté de publier leurs résultats individuels. «Nous croyons que l’industrie de l’assurance est assez robuste et mature pour adopter le même niveau de transparence que les autres pans du secteur financier. Dans les mois à venir, nous allons inciter les législateurs à considérer que la divulgation des résultats individuels devienne une exigence légale», a déclaré Petra Hielkema.
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