
Morgan Stanley pâtit des difficultés de sa banque d’investissement

A l’image de Goldman Sachs, Morgan Stanley a publié, mercredi, une baisse de son résultat net au premier trimestre, en raison des difficultés de sa banque d’investissement, freinée par la baisse des volumes sur le marché des fusions-acquisitions dans un contexte macroéconomique incertain. Le profit net attribuable aux actionnaires a reculé de 20%, à 2,8 milliards de dollars.
Un résultat qui tranche avec la bonne performance des géants de la banque de détail Wells Fargo et JPMorgan, dont le revenu net d’intérêts a été dynamisé par la remontée des taux. Après l’ouverture à Wall Street, l’action chutait de 3,7% mercredi. Il s’agit de la plus forte baisse en séance enregistrée depuis le 24 mars.
A 1,70 dollar par action, le bénéfice net de Morgan Stanley reste toutefois supérieur aux attentes des analystes, qui tablaient en moyenne sur 1,62 dollar par action, selon les données de Refinitiv. La mauvaise performance de la banque d’investissement, dont les revenus ont reculé de 24%, à 1,25 milliard de dollars, a été en partie compensée par la bonne tenue de la gestion de fortune.
Cette dernière a enregistré une hausse de 11% de ses revenus au premier trimestre et un flux net de 110 milliards de dollars de nouveaux actifs. La stratégie du directeur général, James Gorman, qui a entrepris en 2010 de diversifier les sources de croissance de la firme de Wall Street, porte donc ses fruits. Il ne cache d’ailleurs pas son ambition d’accélérer dans la gestion de fortune, grâce à la croissance externe.
A l’affût d’acquisitions dans la gestion de fortune
«Il ne fait aucun doute que nous pouvons faire et que nous ferons davantage d’acquisitions» dans ce domaine, a déclaré James Gorman lors d’une conférence téléphonique avec les analystes, tout en précisant qu’aucune opération n’était imminente. Morgan Stanley étudie en particulier les opportunités aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Asie, où la banque bénéficie d’un solide ancrage au Japon et entend «diversifier son portefeuille», a précisé la directrice financière, Sharon Yeshaya.
Alors qu’UBS est en passe de racheter Credit Suisse pour se tailler une part du lion dans la gestion de fortune mondiale, le directeur général de Morgan Stanley indique que l’Europe reste en dehors de son terrain de chasse pour d’éventuelles acquisitions. «La taille est nécessaire», explique James Gorman, «et franchement cela ne cadre pas avec notre structure réglementaire actuelle».
Prudence pour 2023
Si le directeur général de Morgan Stanley se veut rassurant, estimant que la récente crise bancaire n’a «rien de commun avec 2008» et reste circonscrite à «quelques banques régionales», l’environnement macroéconomique continue de susciter la prudence. La banque a ainsi multiplié par quatre ses provisions pour créances douteuses, à 234 millions de dollars, en raison des perspectives dégradées mais aussi des tensions sur l’immobilier commercial. Les banques américaines ont une exposition de 1.700 milliards de dollars aux prêts sur l’immobilier commercial (CRE), sur laquelle est estimé un taux de pertes cumulées de 8,6% en scénario de stress sur trois à cinq ans.
Pour 2023, James Gorman rappelle l’importance de deux facteurs d’incertitudes : «le risque géopolitique», en particulier les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, et les actions de la Réserve fédérale (Fed) pour lutter contre l’inflation. Tandis que le patron de JPMorgan avertissait, la semaine dernière, que les taux pourraient continuer à grimper «pendant longtemps», celui de Morgan Stanley estime qu’il est probable que la Fed relèvera encore ses taux une ou deux fois, conduisant à «une modeste récession».
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