Mai Trinh (HSBC banque privée): «C’est surtout le fait de faire plus jeune que mon âge qui a été un problème»

Mai Trinh vient d'être nommée à la tête de la banque privée en France de HSBC. Elle décrit pour L’Agefi son parcours qui, sur bien des points, peut servir d’exemple.
HSBC
 -  DESPREZ BERTRAND

L’Agefi. - Vous venez de prendre la direction de la banque privée en France de HSBC. Vous destiniez-vous à la finance ?

Mai Trinh. - Lors de mes études à l’université, je me destinais davantage à devenir avocate, avec une maîtrise et un Master en fiscalité. Mais la finance n’a jamais été très loin puisqu’en parallèle je suivais le cursus d’économie et de finance à Sciences Po. Après mes études, j’ai rejoint Ernst & Young en tant que fiscaliste corporate. J’ai exercé pendant trois ans, puis un des associés avec qui je travaillais est parti chez UBS au début des années 2000. Je l’ai donc rejoint en banque privée, à l’ingénierie patrimoniale. C’est un domaine que je ne connaissais pas, car j’étais, à l’époque, spécialisée en fiscalité corporate.

Est-ce qu’à l’époque l’intégration dans une équipe d’ingénierie patrimoniale a été facile ?

-Même si les personnes qui étaient en poste ont pu se poser des questions sur ma spécialisation en fiscalité d’entreprise, je n’ai pas eu de problème de légitimité. Je suis arrivée chez UBS justement à un moment où la banque voulait profiter de synergies entre les métiers du corporate et de la banque privée. En revanche, j’ai dû, de mon côté, m’habituer au fait de passer d’une situation d’origination d’affaires dans un cabinet d’avocats à une fonction de support, au service de banquiers privés en relation directe avec les clients. C’est pour cela que j’ai tout de suite commencé à prospecter des clients. Au bout de 7 ans, j’ai été démarchée par Credit Suisse pour devenir responsable de l’ingénierie patrimoniale. L’intégration a été très naturelle, dans un environnement constitué d’une majorité de femmes. L’un de mes objectifs a d’ailleurs été de revenir à davantage de parité.

Il est difficile de diriger une équipe de banquiers privés lorsque l’on n’est pas banquier ou banquière à l’origine

Après 7 ans passés chez Credit Suisse, je suis partie dans une structure indépendante, Massena Partners, pour développer mon expertise sur le private equity en France et au Luxembourg. Je me suis alors rendu compte de la puissance de la marque. C’est notamment une des raisons pour laquelle je suis revenue chez Credit Suisse lorsqu’ils m’ont recontactée pour reprendre la direction des banquiers privés.

A votre retour chez Credit Suisse, vous arriviez dans un environnement très masculin de banquiers privés. Cela n’a pas posé de problème ?

-J’ai beaucoup réfléchi avant de prendre ce poste. Pas parce que je suis une femme, mais parce qu’il est difficile d’occuper ces fonctions lorsque l’on n’est pas banquier ou banquière à l’origine. Je n’aurais pas forcément accepté si je ne connaissais pas déjà tous les banquiers en place. Mais c’est surtout le fait de faire plus jeune que mon âge qui a été un problème. Je me suis sentie parfois obligée – peut-être à tort – de devoir justifier mon parcours auprès de clients que je rencontrais avec des banquiers privés.

En juin 2023, lorsque vous avez été contactée par HSBC, votre choix a-t-il été difficile à faire ?

-En réalité, le choix a été très facile, car ce nouveau poste constitue une évolution naturelle après celui que j’ai occupé chez Credit Suisse. Par ailleurs, HSBC est une des seules banques internationales adossée à une banque corporate et à une banque d’investissement. Cela nous donne un levier extraordinaire en matière de prospection.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...