
L’inflation fait pression sur les rendements des fonds en euros

La baisse moindre que prévu des rendements des fonds en euros en 2017 n’est qu’apparente et leur érosion n’est pas près de s’arrêter. La rémunération moyenne des contrats d’assurance vieindividuelle a atteint 1,67% l’an dernier, contre 1,75% en 2016, selon les données publiées vendredi par Facts & Figures. Soit un repli de 0,08 point, nettement inférieur à celui de 0,46 point enregistré en 2016, et supérieur à la prévision de 1,48% initialement formulée par la société de conseil en stratégie. Grâce à la forte hausse des marchés d’actions et à la bonne performance de l’immobilier en 2017, le rendement financier brut de l’actif général a diminué de seulement 0,1%, en moyenne, ce qui a limité le recul des taux servis.
Mais leur baisse est sensiblement plus forte une fois l’inflation prise en compte. Le rendement des fonds en euros net d’inflation est tombé à 0,5% l’an dernier, contre 1,7% en 2016, soit une chute de 1,2 point. Et la situation ne va pas s’améliorer, l’inflationen France étant ressortie à 2% en mai, son plus haut niveau depuis août 2012. «L’enjeu, pour les prochaines années, consistera à réussir à couvrir l’inflation», indique Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & Figures, qui estime que «les rendements des fonds en euros deviendront négatifs.»
Pour 2018, Facts & Figures table sur un rendement moyen des fonds en euros compris entre 1,40% et 1,80%. Une fourchette large, qui illustre la difficulté à prévoir l’évolution de la rémunération des fonds en euros. «Nous sommes dans un brouillard total», souligne Cyrille Chartier-Kastler, nombre de facteurs pouvant jouer tant à la hausse qu’à la baisse. A commencer par la persistance d’un environnement de taux bas, avec un rendement de l’OAT à 10 ans de 0,82% sur les cinq premiers mois de l’année 2018, conséquence, entre autres, du statut de valeur refuge de la France aux yeux des investisseurs sur le plan de la stabilité politique.
Le souhait des assureurs de développer les fonds eurocroissance pourrait en outre les conduire à modérer les taux servis sur leurs fonds en euros classiques. A l’opposé, l’importance de la provision pour participation aux bénéfices, estimée par Facts & Figures à 3,35% en moyenne pour le secteur à la fin 2017, pourrait permettre aux assureurs d’augmenter les taux servis en 2018.
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