
Les tensions sur la dette italienne écornent les bilans des banques de la Péninsule

Les conséquences de l’emballement des taux de la dette italienne sur les bilans des banques du pays ont relégué au second plan leurs résultats trimestriels, souvent meilleurs que prévu. UniCredit a fait état hier d’une baisse de 56 points de base (pb) de son ratio de solvabilité CET1, à 12,51%, au deuxième trimestre, par rapport au premier trimestre. Une érosion qui provient à hauteur de 30 pb du creusement du spread (écart) entre le rendement du bon du Trésor italien à 10 ans et celui du Bund allemand, détaille UniCredit.
Vendredi, Monte dei Paschi avait chuté de 9% en séance à la Bourse de Milan, à l’annonce d’un fléchissement de 140 pb de son ratio CET1, ressorti à 13% au 30 juin, contre 14,4% fin mars. Une contre-performance résultant à hauteur de 70 pb d’une baisse des réserves, principalement liée, là encore, à l’écartement entre les taux du BTP italien et du Bund. La même cause a coûté 35 pb au ratio CET1 d’Intesa, qui souligne que l’écart entre les rendements des obligations souveraines italienne et allemande à 10 ans atteignait 238 pb au 30 juin, contre 129 pb au 31 mars.
Le rendement de la dette souveraine italienne a flambé après l’arrivée au pouvoir, en mai, d’un gouvernement eurosceptique, qui fait craindre aux investisseurs un dérapage budgétaire. Les rendements des bons du Trésor italiens évoluant en sens inverse des cours, leur hausse a réduit la valeur de ces titres dans les bilans des banques italiennes. Ces dernières détiennent environ 350 milliards d’euros d’obligations souveraines italiennes, selon la Banque centrale européenne. Un montant qui représentait 10,7% du total de leurs actifs en mars, contre moins de 5% pour les principaux pays européens, d’après ABN Amro.
Rien d’étonnant, donc, à ce qu’une augmentation de 10 points de base de «l’asset swap spread» sur le BTP italien ait un effet négatif de 3,8 points de base (avant impôts) sur le ratio CET1 d’UniCredit, indique la banque. Cette dernière maintient toutefois ses objectifs d’un ratio CET1 compris entre 12,3% et 12,6% fin 2018, et supérieur à 12,5% en 2019. A condition que les spreads sur la dette italienne demeurent à leurs niveaux actuels, ce qui n’est pas forcément gagné compte tenu des tensions susceptibles de survenir lors de la présentation du budget 2019 du pays, en septembre. Une pression sur ses coûts de financement dont le secteur bancaire italien, en convalescence, n’avait nul besoin.
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