
L’emploi américain douche les attentes de hausse des taux de la Fed

L'économie américaine a créé au mois de mai le plus faible nombre d’emplois depuis plus de cinq ans, un chiffre qui souligne certaines faiblesses du marché du travail et pourrait dissuader la Réserve fédérale de relever ses taux d’intérêt lors des prochaines réunions, en juin et en juillet. Le département du Travail n’a recensé que 38.000 créations de postes le mois dernier après 123.000 (révisé) en avril. Le chiffre de mai est le plus faible depuis septembre 2010. Les chiffres des deux mois précédents ont été revus à la baisse de 59.000 au total. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne 164.000 créations de postes pour le mois dernier après les 160.000 annoncées initialement pour avril.
L’annonce a provoqué de vives réactions sur les marchés. L’euro est passé en peu de temps de moins de 1,1160 à plus de 1,1330 dollar (+1,7%).
Dans le sillage d’indicateurs encourageants, la Fed avait adressé ces dernières semaines des signaux donnant au marché le sentiment qu’elle allait resserrer sa politique ce mois-ci ou le suivant. La présidente de la Fed, Janet Yellen, avait déclaré la semaine dernière que l’institution devrait relever ses taux «dans les mois à venir» si la croissance économique accélérait comme prévu et que des emplois continuaient d'être créés. Au regard de ces chiffres de l’'emploi, «pour juin, c’est mort. L’hypothèse n’est plus sur la table. La Fed voudra des chiffres plus propres avant de relever ses taux» , a réagi Gennadi Goldberg, responsable de la stratégie de taux chez TD Securities.
Les chiffres de l’emploi ont pâti en mai d’une longue grève des salariés de l’opérateur télécoms Verizon. Les grévistes ont repris le travail mercredi mais ils ont été comptabilisés comme sans emploi parce qu’ils n’ont perçu aucun salaire durant la semaine pendant laquelle le département du Travail a collecté ses chiffres mensuels. Sans la grève de Verizon, 72.000 emplois auraient été créés le mois dernier, un chiffre qui aurait été lui aussi très inférieur aux attentes. La reprise du travail chez l’opérateur devrait en revanche donner un coup de pouce aux chiffres de juillet.
La statistique a aussi été pénalisée par le secteur de la production des biens, qui inclut les mines, l’activité manufacturière et la construction. Quelque 36.000 emplois y ont été supprimés, le chiffre le plus élevé depuis février 2010.
Le salaire horaire moyen, indicateur surveillé de près par la Fed, a augmenté de seulement cinq cents, soit 0,2%. Il affiche sur un an une hausse de 2,5%, comme le mois dernier, alors que les économistes estiment qu’une hausse de 3% à 3,5% du salaire moyen est nécessaire pour porter l’inflation vers l’objectif de 2% visé par la Fed.
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
L’emploi américain, une bonne nouvelle dans une période troublée
Les chiffres du rapport mensuel sur le marché du travail ressortent plutôt bons pour le mois de mars. Le détail confirme encore une dynamique faible de l’économie américaine, sans prendre encore en compte les effets des licenciements déjà effectués dans le secteur public, ni ceux liés aux risques économiques résultant de la hausse des droits de douane. -
Comment négocier son salaire quand on travaille dans la finance ?
Quand réclamer une augmentation ? Avec quels arguments ? Vaut-il mieux changer régulièrement d’entreprise ? François Nouri, associé au sein du cabinet Boyden, livre ses conseils aux jeunes professionnels du secteur financier.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions