
Le modèle économique d’Orange Bank reste à établir

Un point mort à 4-5 ans, une offre de base gratuite, un statut bancaire et les contraintes en capital qui vont avec : Orange Bank n’a pas choisi la facilité pour faire son trou dans le paysage très encombré de la banque de détail en France. Le nouvel entrant, qui commercialisera ses services à partir du 6 juillet, contribuera d’ailleurs faiblement, au moins dans un premier temps, aux revenus de l’opérateur télécom, qui engrange 19 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans l’Hexagone. «Ce n’est pas un projet qui est destiné à gonfler les résultats d’Orange, c’est clair», a reconnu hier Stéphane Richard, son PDG.
Selon des documents confidentiels présentés au conseil d’administration du groupe l’an dernier, la filiale bancaire espérerait passer sous les 100% de coefficient d’exploitation (ratio coûts/revenus) en 2021, et atteindre le point mort l’année suivante. Le produit net bancaire dépasserait les 500 millions d’euros autour de 2023-2024, date à laquelle Orange Bank espère compter plus de 2 millions de clients. Pour tenir l’objectif, l’établissement devra rapidement étoffer sa gamme avec du crédit à la consommation et à l’habitat, des produits d’épargne et d’assurance. C’est la logique suivie par les purs acteurs internet et mobile comme Boursorama ou ING Direct, qui peinent malgré cela à dégager une rentabilité satisfaisante.
Des atouts solides : 29 millions de prospects et une marque puissante
En tout, le projet concrétiserait un résultat net cumulé d’environ 160 millions d’euros en dix ans, toujours selon ces projections qui datent de 2016 et qui font aussi l’hypothèse du lancement de l’activité en Espagne en 2018.
«Avec son offre bancaire, Orange espère d’abord accroître le taux de fidélité de ses clients télécoms, car le ‘churn’ est très coûteux à gérer pour les opérateurs», estime le patron d’un établissement de crédit concurrent. Qui n’en prend pas moins la menace au sérieux.
Si le nouvel acteur a bâti son système sur celui de Groupama Banque, pas très «fintech», il dispose d’arguments solides : des compétences technologiques, un réseau de 140 coins dédiés (sur 700 boutiques), une base de prospects de près de 29 millions de clients mobile et haut débit en France, et une marque puissante. De quoi concurrencer sérieusement les groupes les plus présents sur la clientèle de masse – Banque Postale, Caisses d’Epargne, Crédit Agricole – et accélérer le passage à l’ère du tout-gratuit dans les paiements.
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