
Le Crédit Mutuel fait le dos rond face à la crise

Première grande banque française à publier ses résultats semestriels, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale a annoncé hier soir des profits divisés par deux sous l’effet de la crise sanitaire. Le résultat net de la principale entité du Crédit Mutuel a diminué de 47,7% à fin juin, à 857 millions d’euros. Ce recul s’explique par un bond de 584 millions d’euros des provisions pour créances douteuses, qui atteignent 1,05 milliard d’euros à fin juin. Une partie, 119 millions, correspond à des pertes avérées sur des crédits, et 489 millions à des risques d’impayés futurs, en application de la norme comptable IFRS9. «Nous avons joué sur notre perception des scénarios à venir, des dotations aux secteurs les plus vulnérables (tourisme, transport… ndlr) et des dépréciations dans les financements d’actifs», détaille Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale.
Pour autant, le taux de créances douteuses est resté stable sur un an, à 3,04%. «Il ne va pas progresser beaucoup cette année», estime Annie Gain, directrice financière. «J’ai le sentiment que les difficultés apparaîtront dans le crédit à la consommation d’ici à la fin de l’année et dans le crédit aux entreprises début 2021», complète Nicolas Théry. Les entreprises commenceront en effet à rembourser leurs prêts de trésorerie garantis par l’Etat (PGE) entre mars et juin. Le Crédit Mutuel en a distribué 17,3 milliards d’euros, «au-dessus» de sa part de marché.
Les encours de crédits ont progressé de 7,4% au total sur le semestre, à 407 milliards d’euros, grâce au PGE mais aussi aux prêts à l’habitat (+7,4%) et à la consommation (+4,3%), malgré le coup de frein du confinement. Les dépôts ont quant à eux bondi de 19,8%, alors que l’épargne de long terme fait moins recette. La collecte brute en assurance vie et capitalisation a chuté de 40%, faisant plonger les revenus de l’assurance de 36,3%. Ce recul et celui de la plupart des autres métiers ont plombé le produit net bancaire total, en retrait de 9,8% à 6,86 milliards d’euros. La banque de détail a limité son recul à -2,5%, alors que les activités de marchés se sont effondrées de 80% et affichent une perte après la mise en valeur de marché des positions prises par le CIC. Seuls la banque privée et le pôle informatique, logistique et presse restent en progression.
Actant les efforts de ses équipes pendant le confinement, la banque va attribuer une prime de 350 euros à tous ses salariés, et 500 euros supplémentaires à ceux qui ont «fait preuve d’un engagement exceptionnel».
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