
Le Crédit Mutuel Arkéa enterre officiellement son projet d’indépendance

La hache de guerre est définitivement enterrée au Crédit Mutuel. Les présidentes et présidents des caisses locales des fédérations du Crédit Mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest, qui composent le groupe Arkéa, ont voté à l’unanimité pour son maintien au sein du groupe Crédit Mutuel. Ils mettent ainsi un terme au projet de désaffiliation qui avait été engagé en avril 2018, lorsque Jean-Pierre Denis présidait le groupe breton.
La personnalité du dirigeant, qui s’est opposé à la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM) présidée par Nicolas Théry, par ailleurs président du groupe strasbourgeois Crédit Mutuel Alliance Fédérale, a beaucoup joué dans ce conflit. Mais les racines du mal sont bien plus profondes. Les groupes de l’Ouest et de l’Est partagent une marque et des valeurs mutualistes communes, mais ils sont également concurrents, en matière d’assurance ou de banque en ligne par exemple.
Après s’être battu pour l’utilisation de la marque Crédit Mutuel, reconnue par la justice comme la propriété exclusive de la Confédération, Arkéa avait réclamé des garde-fous en termes d’autonomie dans ses décisions et une plus grande représentativité au sein de l’organe central. La volonté des deux groupes de sortir de l’impasse, avec les encouragements de Bercy et des autorités de supervision, qui veillent à l’image et à la stabilité de la place, a fini par aboutir à un protocole d’accord signé début mai par les conseils d’administration de la Confédération et des deux fédérations.
A lire aussi: Le conflit entre les frères ennemis du Crédit Mutuel prend fin
Pour donner davantage de poids à Arkéa, le président de la fédération de Bretagne sera nommé vice-président délégué de la CNCM et présidera le comité des risques. Comme le réclamait le groupe de l’Ouest, chacune des fédérations disposera d’un droit de veto «en cas d’atteinte à [ses] intérêts vitaux». L’indépendance des groupes régionaux en ce qui concerne leur stratégie et leur projet d’entreprise a été réaffirmée, tout en prévoyant la mise en place d’une «charte de bonnes pratiques commerciales» pour les activités sur lesquelles ils sont concurrents.
Une nouvelle rédaction des statuts
Ce changement de statuts, qui doit recevoir l’aval du ministre de tutelle, Bruno Le Maire, a été validé le 22 juin par l’assemblée générale de la Confédération, avant d’être approuvé par les fédérations de Bretagne et du Sud-Ouest. Ce vote acte «la reconnaissance que l’ensemble des conditions favorables à l’épanouissement du Crédit Mutuel Arkéa et de ses fédérations au sein d’un Crédit Mutuel uni et pluriel, respectueux d’une diversité des modèles et des choix stratégiques, sont aujourd’hui réunies», souligne le groupe dans un communiqué.
Fin mai à Strasbourg, lors de l’assemblée générale de Centre-Est Europe – la fédération historique du Crédit Mutuel Alliance Fédérale –, la réconciliation entre les deux frères ennemis avait déjà été actée. Julien Carmona, président d’Arkéa depuis 2021 et moteur de l’accord avec le groupe de l’Est, avait, pour la première fois, fait le déplacement. Sous un tonnerre d’applaudissements, il avait mis en avant «les valeurs partagées» au sein du Crédit Mutuel : «le travail, la solidarité et un goût prononcé pour la décentralisation». Nicolas Théry avait, de son côté, salué «une réconciliation qui ne souffre d’aucune ambiguïté», sous l’œil bienveillant de Frédéric Visnovsky, secrétaire général adjoint de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
Cette histoire commune se concrétise par le lancement d’une première offre commerciale commune, distribuée par les caisses du Crédit Mutuel Alliance Fédérale comme par celles d’Arkéa et des fédérations Océan et Maine Anjou Basse Normandie. Il s’agit d’une offre de crédit à 0% pour le financement de l’achat de vélos, de tous types y compris cargos. Le groupe de l’Est, qui a développé cette offre dans le cadre de son projet de «dividende sociétal», a proposé aux autres groupes régionaux de se joindre à l’initiative. La première page d’un nouveau chapitre, plus apaisé, dans l’histoire du Crédit Mutuel.
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