Le Crédit Agricole rejoint la cohorte des assureurs-vie moins généreux

Fragilisés par les taux bas, les bancassureurs serrent la vis sur les taux des fonds en euros et modulent les rémunérations en fonction de la proportion d’unités de compte.
Amélie Laurin
CREDIT AGRICOLE
Crédit Agricole Assurances a nettement diminué la rémunération 2019 de ses fonds en euros.  -  Photo European Union EP

Le premier assureur français a tenu parole. Dans le sillage des annonces de ses concurrents, Crédit Agricole Assurances (CA) a annoncé hier une nette diminution de la rémunération de ses fonds en euros au titre de 2019. Sur un an, la baisse atteint entre 40 et 50 points de base (pb) pour les principaux produits commercialisés par les caisses régionales du Crédit Agricole et sa filiale LCL.

«La participation aux bénéfices (la somme minimale reversée aux souscripteurs, ndlr) va baisser de manière assez forte», avait prévenu fin septembre Frédéric Thomas, le directeur général de CA Assurances. Le numéro deux de l’assurance vie tricolore, derrière CNP Assurances, actait alors la fin de l’âge d’or des fonds en euros. Investis très majoritairement en obligations d’Etat et d’entreprise, ces produits souffrent de la baisse des taux dans la zone euro qui réduit quasiment à néant la rémunération des nouveaux placements… et fragilise les compagnies elles-mêmes (lire l’encadré).

Taux divisés par deux aux Caisses d’Epargne

Après avoir légèrement relevé la rémunération de ses fonds en euros en 2018, le Crédit Agricole fait machine arrière et se calque sur la tendance du marché en annonçant un «taux moyen» 2019 de 1,44% (net de frais de gestion et avant fiscalité) pour les produits de Predica, la branche vie de CA Assurances. Ce «taux moyen», à la définition peu claire, est légèrement au-dessus de la moyenne du marché de 1,40% attendue par les observateurs, mais il masque de fortes disparités.

La rémunération de base des fonds en euros du Crédit Agricole oscille plutôt entre 1,20% et 1,40%. Son contrat le plus populaire (en nombre de clients), Predissime 9 série 2, va même servir 0,85% seulement à ses clients. Ce rendement crève le plancher de 1% fixé par les filiales françaises de Generali, Allianz et Swiss Life, qui avaient donné le «la» de la baisse des rendements cet automne. Il enfonce aussi le seuil inédit de 0,9% à la Société Générale. Mais la banque verte n’est pas la moins disante. «Cette année, le taux le plus faible observé parmi les contrats en cours de commercialisation est de 0,80% pour Navig’Option de Suravenir (filiale du Crédit Mutuel Arkéa, ndlr) et Vivaccio de CNP Assurances pour La Banque Postale, explique Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet de conseil Facts & Figures. Du côté des assurances vie fermées aux nouvelles souscriptions, Confluence de Predica reste à 0,75% comme les années précédentes, tandis que CNP a divisé par deux le taux des anciens produits des Caisses d’Epargne (travaillant désormais avec BPCE Vie, ndlr) qui passent de 1,10% à 0,55% .»

BNP Paribas Cardif se démarque

Dans la famille des bancassureurs, certains tirent leur épingle du jeu. «BNP Paribas Cardif est mieux-disant avec un taux compris entre 1% et 1,40% pour la gamme grand public Multiplacements», pointe le consultant. Au Crédit Mutuel Alliance Fédérale (distinct d’Arkéa), «le contrat Opale des Assurances du Crédit Mutuel (ACM), vendu historiquement dans la fédération Nord Europe, démarre aussi à 1%, mais nous attendons encore les taux des autres fonds en euros du groupe» poursuit-il.

Les minima du marché sont généralement associés à un faible taux d’unités de compte (UC). Ainsi, le Crédit Agricole module - «depuis trois ans» selon une porte-parole - la rétribution des épargnants en fonction de la part de leur assurance vie dédiée à des fonds actions, diversifiés ou non-cotés. Ces UC peuvent potentiellement offrir un rendement plus élevé, mais leur performance est plus volatile et leur capital n’est pas garanti par les compagnies d’assurance vie, contrairement aux fonds en euros. Les clients de la banque verte les plus exposés aux UC (au moins de 40%) toucheront entre 1,75% et 1,90% au titre de 2019, 50 pb de plus que les moins exposés (moins de 25% d’UC). Ces derniers concentrent l’essentiel des encours de CA Assurances, où le taux moyen d’UC s’élevait à 26% à fin 2018. L’assureur souhaite grimper au-dessus de 30% d’ici à fin 2022. Pour y arriver, le Crédit Agricole incite les épargnants à diversifier leurs placements et a relevé les frais d’entrée sur ses fonds en euros.

Les courriers annonçant les rendement 2019 pourraient servir de catalyseur. Sauf pour les souscripteurs des contrats d’entrée de gamme à qui la banque verte sert un taux unique, quel que soit leur profil. C’est le cas pour son fonds en euros à 0,85%. «Il est difficile de convertir les clients aux UC quand l’encours moyen s’élève seulement à quelques milliers ou dizaines de milliers d’euros, relève Cyrille Chartier-Kastler. Les banques ne se donnent pas cette peine.»

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La politique de taux bas de la Banque centrales europ\u00e9enne grignotte les r\u00e9serves des assureurs-vie fran\u00e7ais. Et en particulier celles des bancassureurs, \u00e0 la solvabilit\u00e9 traditionnellement plus faible. La Soci\u00e9t\u00e9 G\u00e9n\u00e9rale a annonc\u00e9 la semaine derni\u00e8re avoir recapitalis\u00e9<\/a> sa filiale d\u2019assurance Sogecap \u00e0 hauteur de 350 millions d\u2019euros fin 2020, dans le sillage de l\u2019op\u00e9ration<\/a> de 540 millions r\u00e9alis\u00e9e \u00e0 la fin de l\u2019\u00e9t\u00e9 par le Cr\u00e9dit Mutuel Ark\u00e9a pour sa filiale Suravenir. Pour les cas extr\u00eames, Bercy a l\u00e2ch\u00e9 du les<\/a>t. Les compagnies pourront renforcer leurs fonds propres gr\u00e2ce aux plus-values des contrats de leurs clients (participation pour provisions aux b\u00e9n\u00e9fices ou PPB) en cas de \u00absituations exceptionnelles\u00bb<\/em>, pr\u00e9voit un arr\u00eat\u00e9 publi\u00e9 fin d\u00e9cembre. Cette mesure controvers\u00e9e interdira provisoirement le versement de dividendes.<\/p>\n»,"format":"light_html"}}

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