La finance européenne aiguise l’appétit des investisseurs du Golfe

First Abu Dhabi Bank a envisagé un rachat de Standard Chartered. Après l’entrée des Saoudiens chez Credit Suisse, un nouveau signe de la puissance moyen-orientale.
Alexandre Garabedian
Standard Chartered
L’action de la banque Standard Chartered progresse de plus de 40% sur un an.  -  Bloomberg

Les investisseurs du Moyen-Orient se sentent pousser des ailes, portés par la flambée des prix des hydrocarbures. Jeudi, réagissant à une information de Bloomberg, First Abu Dhabi Bank (FAB) a reconnu qu’elle avait travaillé aux «toutes premières étapes de l’évaluation d’une offre potentielle» sur la banque britannique Standard Chartered. L’action StanChart a bondi de plus de 20% après ces révélations, avant de ramener ses gains à 7% à Londres.

La plus grande banque des Emirats Arabes Unis aurait envisagé plusieurs scénarios, dont une offre sur la totalité du capital ou le rachat de certaines activités. Ensemble, les deux groupes auraient affiché près de 1.200 milliards de dollars de bilan, dont 860 milliards pour StanChart, qui réalise l’essentiel de son activité en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. L’intérêt de la banque émiratie traduit aussi le rapport de force entre les deux entités. Contrôlée par le fonds souverain Mubadala (37,9%) et la famille régnante (15,7%), FAB affiche une capitalisation boursière de l’ordre de 51 milliards de dollars, contre 24 milliards pour StanChart. Elle se paie près de 1,9 fois son actif net comptable, un multiple trois fois plus élevé que celui de sa cible potentielle.

La complexité de l’opération a néanmoins pu refroidir l'établissement du Golfe. Standard Chartered fait en effet partie des banques d’importance systémique mondiale, et un projet de rachat entraînerait un processus d’examen approfondi de la part de nombreux superviseurs.

Les fonds du Moyen-Orient, notamment du Koweit et du Qatar, avaient déjà investi dans les banques européennes et américaines en 2008, au moment de la crise financière. Ils ont depuis grandi. Témoignage de ces ambitions retrouvées à la faveur d’une pluie de pétro-dollars, la Saudi National Bank (SNB), première banque saoudienne, a apporté l’automne dernier un soutien décisif à la recapitalisation de Credit Suisse. Elle a injecté l’équivalent de 1,5 milliard de franc (1,6 milliard de dollars) pour prendre 9,9% du capital de la banque suisse en difficulté. Un mouvement opportuniste, inédit de la part de l’Arabie saoudite dans le secteur bancaire européen, qui a fait grincer des dents en Suisse. SNB est adossée au fonds souverain saoudien, le Public Investment Fund (PIF), qui a déjà investi un quart de ses 600 milliards de dollars d’avoirs hors des frontières nationales et vise 1.000 milliards d’encours en 2025.

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