
La colère des actionnaires de Credit Suisse reste vive

Les efforts de la direction de Credit Suisse n’auront pas suffi à apaiser la grogne des actionnaires de la banque. Comme le recommandaient les agences de conseil aux investisseurs ISS et Glass Lewis, ils ont rejeté à une large majorité une résolution déchargeant le conseil d’administration et les dirigeants de leurs responsabilités dans les litiges ayant affecté la banque au cours de l’année 2020. Et ce alors que la décharge excluait expressément les problèmes liés «aux fonds de supply chain finance», autrement dit à la chute de Greensill. C’est une manière, pour les actionnaires, de montrer leur défiance vis-à-vis de l’équipe alors aux manettes.
Ils ont, en revanche, voté en faveur de cette même décharge pour l’année 2021, reconnaissant tout de même une partie du travail effectué pour sortir la banque des multiples affaires dans lesquelles elle reste empêtrée.
Un autre sujet sensible de cette assemblée générale concernait un audit spécial réclamé par certains actionnaires dont le fonds souverain norvégien et la fondation Ethos afin d'éclaircir les manquements de la banque sur cette même affaire Greensill. La direction s’opposait à la tenue d’un tel audit, arguant qu’il pourrait porter préjudice au groupe. Les dirigeants estiment en outre qu’ils ont apporté toutes les réponses aux questions soulevées par la fondation Ethos et que ces informations sont accessibles à tous les actionnaires.
L’audit spécial enterré
Cette fois encore, les recommandations des proxys ont été entendues : les actionnaires ont rejeté la résolution d’Ethos. «Il est maintenant clair qu’il n’y aura pas d’audit», a déclaré Axel Lehmann, le président du groupe à l’issue du vote.
Après cette assemblée générale, les problèmes de Credit Suisse sont loin d’être réglés. Lors de la séance de questions, certains actionnaires n’ont d’ailleurs pas hésité à exprimer leur mécontentement. Car outre les affaires Greensill et Archegos, qui ont sérieusement remis en cause le contrôle des risques de la banque, une nouvelle provision de 703 millions de francs suisses concernant des litiges passés a fait basculer ses comptes dans le rouge au premier trimestre 2022. Il n’est pas certain que les nombreux remplacements aux postes de direction de ces derniers mois suffisent à calmer les détenteurs d’actions. Même si vendredi le cours de Bourse Credit Suisse progressait de plus de 5% en séance, le titre reste en baisse de plus de 25% depuis le début de l’année, pour un indice Stoxx des banques européennes en repli de 15%.
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