
La banque régionale américaine Axos est mise sur le gril par Hindenburg

Axos Financial, une banque régionale américaine basée en Californie, avait jusque-là bien navigué dans un environnement pourtant compliqué. Depuis le début de l’année, son action est stable alors que le secteur dans son ensemble a été fortement chahuté par les difficultés de la New York Community Bancorp (NYCB). Sur la période, l’indice KBW des banques régionales (code KRX) chute ainsi de 12% en Bourse.
Une singularité qui a, semble-t-il, alerté le spécialiste de la vente à découvert Hindenburg Research. Dans une note publiée le 4 juin, l’activiste, qui s’en est pris à Adani, Carl Icahn ou encore Temenos ces derniers mois, juge que la valorisation d’Axos Financial n’est pas justifiée par ses fondamentaux. La banque régionale afficherait une prime de 35% sur ses pairs en termes de capitalisation sur fonds propres tangibles, impliquant que «les investisseurs intègrent une croissance rapide, un portefeuille de prêts à faible risque et des plans d’investissements à plusieurs années», estime Hindenburg Research.
Forte exposition à l’immobilier commercial ?
Or, selon l’activiste, Axos n’afficherait pas un profil aussi attrayant, bien au contraire. «Nos recherches, comprenant une analyse du secteur, des entretiens avec 21 anciens employés, des agents de location et des experts du secteur, ainsi qu’un examen du portefeuille de prêts d’Axos à partir des registres immobiliers locaux, révèlent une société exposée aux catégories d’actifs les plus risquées, avec des normes de souscription laxistes et un portefeuille de prêts présentant de nombreux problèmes flagrants», indique le vendeur à découvert.
Il note notamment que, contrairement à la plupart des acteurs du secteur qui ont réduit la voilure sur l’immobilier commercial, Axos a accéléré, «augmentant son exposition totale de 5,5 milliards de dollars en mars 2021 à 9,9 milliards de dollars en mars 2024». Aujourd’hui, 53% du total des prêts d’Axos seraient exposés à ce segment selon Hindenburg, contre une moyenne de 16,5% pour les banques régionales en moyenne selon une étude de Moody’s datant de 2023.
Axos se défend
En réactions à ces attaques, Axos Financial s’est défendu dans un document détaillé publié mardi soir. Le groupe estime que le rapport d’Hindenburg «contient une série d’allégations trompeuses, incomplètes et fausses concernant la qualité du portefeuille de prêts immobiliers commerciaux d’Axos».
La société indique notamment que son plus grand portefeuille d’immobilier commercial, CRE Specialty Lending, dont les encours s'élèvent à 5,2 milliards de dollars, «est une activité qui fonctionne presque exclusivement par le biais de relations avec des fonds, y compris de nombreux fonds immobiliers parmi les plus importants au monde, tels que Carlyle, The Related Group, Fortress Investment Group, Madison Realty Capital et d’autres». Dans ce cadre, Axos précise qu’il structure les crédits de manière à prendre la position garantie la plus élevée dans ces prêts. En conséquence, «pour qu’Axos perde du capital sur ces prêts, les fonds partenaires devraient d’abord avoir perdu la totalité de leur mise», indique la société.
Ces explications ne semblent néanmoins pas avoir totalement convaincu les investisseurs. L’action Axos a clôturé en repli de 4,2% mardi après avoir perdu plus de 15% en cours de séance.
A lire aussi: L'immobilier commercial provoque les premières pertes d'une titrisation AAA depuis la crise financière
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